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d’un enthousiasme religieux d’un côté ou de l’autre, ou viennent-elles de causes mondaines ? Dans ce cas, indiquez ces causes.

« 20. Quelles seraient, selon vous, les mesures les meilleures pour obtenir une justice égale sous la forme la plus simple et la moins coûteuse ?

« 21. Quelles seraient, selon vous, les meilleures mesures pour améliorer en général la condition du pays ?

« 22. Quelle est votre opinion sur l’établissement d’écoles pour toutes les religions et toutes les classes, et quels effets produiraient ces écoles ?

« 23. Que pensez-vous de la nomination d’un vice-gouverneur chrétien à côté du gouverneur turc là où la grande partie de la population est chrétienne, les deux gouverneurs correspondant avec la Porte ?

« 24. Est-ce l’usage des sujets turcs d’obtenir des passe-ports étrangers ? Obtiennent-ils souvent des passe-ports grecs, et les échangent-ils contre des passeports russes ? »


Pour qui y regarde bien, il y a peut-être dans ces questions quelques signes de la pensée et du désir de l’interrogateur. Sir Henri Bulwer souhaite évidemment que l’enquête tourne à l’avantage de la Turquie ; mais avant tout il, veut savoir la vérité, et les consuls qu’il a interrogés, tout en souhaitant comme lui que la vérité fût favorable à la Turquie, ont cru que leur premier devoir était de faire connaître au gouvernement anglais le véritable état du pays.

Je pourrais, après avoir donné la liste des questions que l’ambassadeur adressait aux consuls, grouper sous chaque question les réponses des consuls anglais dans les diverses provinces de l’empire ottoman ; mais cette méthode aurait, selon moi, deux inconvéniens : d’abord elle effacerait l’individualité de chaque consul anglais, et ce serait dommage. Partout, où il y a un homme dans un fonctionnaire, il faut en respecter et en conserver l’empreinte. De plus, cette méthode effacerait aussi l’individualité de chaque province ; elle ferait croire qu’il, y a dans l’empire ottoman une unité qui n’existe pas. Il y a dans chaque province de l’empire ottoman des ressemblances et des différences de mal qu’il importe de constater. Je prendrai donc le témoignage de chaque consul et les réponses qu’il fait pour sa province aux questions de sir Henri Bulwer. Quand tous les témoignages auront été entendus, le lecteur n’aura pas de peine à tirer lui-même la conclusion.

Le travail de chaque consul est divisé en deux parties. Dans la première partie, il donne son avis en général sur l’état de la province ; dans la seconde, il répond d’une manière précise à chaque question de l’ambassadeur. Nous commençons par le consul de Monastir, M. Abbott.


I

Monastir ou Bitolia est la seconde capitale de la Macédoine, et sa position centrale entre la Macédoine et l’Albanie en fait une ville