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zone en zone du prix de chaque série de dix mots en sus, multiplié par le nombre de zones traversées. Les pays soumis au traité de Berne sont la France, l’Espagne, la Grande-Bretagne et l’Irlande, les Pays-Bas, le Portugal, la Sardaigne, la Suisse, la Tunisie, les îles de la Méditerranée (Corse, Sardaigne, Malte et Corfou), les Deux-Siciles, les états de l’église et les îles de la Manche. Dans ces deux traités, il a été spécifié que, pour l’application des taxes, la distance parcourue sera comptée en ligne droite sur le territoire de chaque état, du point de départ au point de la frontière où la dépêche arrivera, et de celui-ci au point de destination.

La comparaison du tarif international avec le tarif intérieur fait ressortir quelques anomalies singulières ; elle montre qu’à certaines distances le premier est plus avantageux que le second. C’est ainsi qu’une dépêche envoyée de Paris à Nice (la distance est de 695 kilomètres à vol d’oiseau) coûtait avant l’annexion 6 francs (quatrième zone) ; aujourd’hui, d’après le tarif intérieur, elle coûte 8 fr. 90 c. Pour Paris et Chambéry, la différence est beaucoup moins sensible, et l’anomalie moins choquante. La dépêche simple, qui coûte aujourd’hui 6 fr. 60 cent., coûtait 6 francs avant l’annexion[1].

À l’examen des tarifs se joint naturellement celui de la situation financière de l’administration télégraphique. Il n’est pas facile d’en dresser le budget, parce qu’elle est loin d’avoir atteint tout son développement, et qu’elle traverse encore l’ère des essais, des changemens, des transformations de matériel coûteuses ; la part des dépenses normales et des dépenses extraordinaires y est trop difficile à préciser. Des informations qui semblent exactes portent à 27 millions

  1. Pendant le quatrième trimestre de l’année 1858, il y a eu, contre 97,728 dépêches intérieures, 58,686 dépêches échangées entre les stations françaises et 2,000 stations étrangères environ. Sur ce nombre, 25,217, c’est-à-dire plus de la moitié, ont mis Paris en communication avec les capitales et les grandes villes européennes, surtout avec Londres, Vienne, Genève, Bruxelles, Francfort-sur-le-Mein, Madrid et Berlin. Ces dépêches se distribuaient ainsi : affaires de bourse, 48 pour 100 ; — affaires privées, 20 ; — commerce général et industrie, 20 ; — publicité, journaux, 9 ; — dépêches de gouvernement, 2 ; — affaires diverses, 1. L’année 1859 a fourni, pour 453,998 dépêches intérieures, 144,708 dépêches internationales. Le commerce général et l’industrie occupent cette fois 35,07 pour 100, et les affaires de bourse tombent à 23,23 ; elles sont cependant encore représentées par un nombre supérieur à celui des affaires de famille, qui n’entrent que pour 21,76. Sur 100 dépêches, la diplomatie en a 5,13, les dépêches de journaux 9,65, le commerce des céréales 4,83.
    Le produit moyen des dépêches internationales, qui était en 1858 égal à 15 fr. 09 c, est tombé en 1859 à 13 fr. 47 cent. Ces chiffres révèlent assez de quelle importance est cette source de recettes ; aussi, bien que le nombre des dépêches qui franchissent les frontières du pays soit à celui des dépêches intérieures dans la proportion de 1 à 3 environ, ces deux branches du service entrent pour une somme à peu près égale dans le chiffre total des recettes. En 1858, les taxes intérieures ont donné 1,794,918 fr., les taxes internationales 1,721,715 fr. ; en 1859, les premières ont été de 2,072,314 francs, les secondes de 1,950,485 francs.