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Le
ROI LOUIS-PHILIPPE
ET
L’EMPEREUR NICOLAS
— 1841-1843 —

On a souvent parlé de mauvais rapports personnels entre l’empereur Nicolas et le roi Louis-Philippe, des froideurs hautaines de l’empereur et de la patience du roi. On se souvient probablement encore que l’empereur Nicolas, dans sa correspondance, ne voulut jamais donner au roi Louis-Philippe, comme il le faisait pour les autres souverains, le titre de monsieur mon frère, et que le roi parut ne tenir nul compte de cette offense tacite maintenue pendant dix-huit ans entre les deux souverains, au sein de la paix entre les deux états. Je ne me propose ni de redire comment se décida en 1830 cette situation, ni d’en apprécier les motifs et les conséquences. Je ne veux que raconter un incident auquel elle donna lieu en 1841, pendant mon administration des affaires étrangères, et faire connaître, par les pièces diplomatiques mêmes, sans commentaire, l’attitude que, sur ma proposition, adoptèrent alors le roi Louis-Philippe et son cabinet. Le public d’aujourd’hui, déjà si loin de ce temps et de ces questions, jugera si elle manqua de convenance et de dignité.

C’était, comme on sait, l’usage que, chaque année, le 1er janvier et aussi le 1er mai, jour de la fête du roi, le corps diplomatique vînt, comme les diverses autorités nationales, offrir au roi ses hommages,