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matrimoniales au moment où elles étaient signées à Nantes, parce qu’on en ignorait alors la portée précise ; mais sitôt que le royaume se trouva en présence d’une application éventuelle du contrat, l’émotion fut générale, et malgré toute la tendresse qu’il portait à sa Bretonne, le bon Louis XII, obsédé de remontrances, se vit contraint de calmer les alarmes de ses fidèles sujets, justement effrayés de voir se relever le formidable boulevard à l’abri duquel l’Angleterre avait si longtemps menacé la France. Deux filles seulement étaient nées de l’union de ce prince avec Anne de Bretagne. Claude, l’aînée d’entre elles, était donc appelée, en vertu de l’acte de 1498, à hériter du duché maternel, et le roi le reconnaissait si bien que de 1501 à 1505 il signa trois traités successifs par lesquels il promettait la main de cette princesse au jeune Charles de Luxembourg, futur héritier des maisons d’Autriche, de Bourgogne et d’Espagne, en assignant pour dot à sa fille le duché de Bretagne avec diverses autres provinces. Les états-généraux se firent en 1506 les organes de l’inquiétude universelle, et le roi dut renoncer à un projet qui, s’il avait été accompli, aurait ajouté la Bretagne aux vastes domaines de Charles-Quint. Les états firent plus : dans une pensée contraire à celle qu’ils venaient de faire échouer, et afin d’assurer l’union de la Bretagne à la couronne, ils recommandèrent très vivement le mariage de la future héritière du duché avec François, comte d’Angoulême, héritier présomptif du trône. Louis XII dut déférer à ce vœu si légitime en effet, et, bravant pour la première fois les résistances prononcées d’Anne de Bretagne, il fit célébrer, aux applaudissemens de tout le royaume, les fiançailles des deux enfans royaux[1]. La reine-duchesse voyait avec une sorte de désespoir une mesure dont le but était de resserrer entre son pays et la France le lien politique qu’elle avait fait tant d’efforts pour relâcher ; de plus, cette noble femme, qui aurait possédé toutes les vertus, nous dit Brantôme, n’était le si de la vengeance, ne pouvait se résigner à recevoir pour gendre le fils de la comtesse d’Angoulême, son implacable ennemie. Dans l’impuissance d’empêcher ce mariage, elle ne songea désormais qu’à en retarder l’accomplissement, qui n’eut lieu qu’en 1514, trois mois après la mort de la reine.

Tant que vécut la duchesse Anne, la Bretagne fut comblée de ses bienfaits et de ceux de Louis XII, qui, en oubliant les injures, n’oubliait point les services rendus au duc d’Orléans. Cette province ne s’inquiétait donc en aucune façon du changement, très peu sensible

  1. Traité de mariage de François de Valois avec Madame Claude de France, 26 mai 1500. — Preuves de dom Morice, t. III, col. 878.