exacte, la comparaison ne doit porter que sur des périodes auxquelles les mêmes procédés d’enquêté ont été appliqués : ce serait à partir de 1841, et mieux de 1846, qu’il conviendrait de relever les chiffres de la population pour en tirer des déductions utiles.
De 1841, à 1846, la population de la France s’est accrue de 236,000 habitans par ; année ; de 1846 à 1851, l’augmentation a été de 76,000, et de 1851 à 1856 de 51,000 seulement. Le chiffre total était en 1856, date du dernier recensement officiel, de 36,039,000 Il y a donc eu, depuis 1846, un ralentissement très marqué dans le mouvement normal de la population. Nous avons eu, durant ces périodes, une révolution, plusieurs mauvaises récoltes, la guerre de Crimée, le choléra. Parmi ces causes de ralentissement, il en est qui paraissent indépendantes de l’action du gouvernement. Néanmoins les révélations statistiques enseignent combien il importe d’organiser les institutions hygiéniques et de veiller à la législation sur les céréales, en même temps qu’elles signalent, au point de vue de la prospérité générales, les tristes résultats des guerres les plus glorieuses. La publication du recensement de 1856 a produit, on s’en souvient, une impression douloureuse. Cette émotion est demeurée à peu près stérile. Nous n’avons pas eu de nouvelles révolutions : si nous avons eu une nouvelle guerre, on peut dire que la politique a recueilli ou recueillera le prix des victoires remportées dans la campagne d’Italie ; mais a-t-on organisé la médecine dans les communes rurales, où les épidémies font d’ordinaire tant de ravages ? A-t-on révisé la législation sur les grains ? Des essais ont été tentés, rien n’a encore abouti. Ce sont là les réformes que l’économie politique, s’appuyant sur les chiffres de la statistique, peut réclamer. Alors que les conséquences des épidémies et des mauvaises récoltes se manifestent si clairement, il n’est plus permis d’ajourner les mesures législatives ou réglementaires qui peuvent les atténuer. De son côté, la politique guerrière doit faire ses réflexions et placer, en regard des avantages qu’elle convoite, les pertes qu’elle risque d’infliger au pays.
Si l’on jette les regards sur les autres pays, on remarque presque partout une augmentation beaucoup plus considérable dans les chiffres de la population. Nous pouvons citer la Belgique, la Prusse, l’Autriche, l’Angleterre, l’Espagne, surtout la Russie et les États-Unis. La population de la Russie a presque double depuis le commencement de ce siècle, celle des États-Unis a sextuplé ; mais, dans ces rapprochemens, il faut nécessairement se rendre compte de la densité de la population. Ainsi la France possède près de 7,000 habitans par myriamètre carré, la Russie 1,200, les États-Unis 272 seulement. Dans les pays qui sont depuis longtemps habités et civilisés, l’accroissement de la population, considérée soit absolument, soit proportionnellement à l’étendue du territoire, devient de plus en