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DE
LA STATISTIQUE EN FRANCE

Statistique de la France comparée avec les autres états de l’Europe, par M. Maurice Block.

La statistique est une étude aride, ennuyeuse et peu sûre. Malheureusement il est impossible de s’en passer ; il faut donc savoir gré aux esprits patiens qui s’y livrent et encourager leurs travaux. La statistique ne saurait pourtant, malgré ses récentes prétentions, prendre rang parmi les sciences. Elle vient en aide à toutes les sciences, elle leur apporte des faits et des chiffres qui servent en quelque sorte d’exposés des motifs aux lois que celles-ci découvrent et proclament ; elle place souvent la preuve à côté de l’hypothèse, la solution en regard du problème. Voilà quelle est son utilité, bien précieuse certainement. Cette ambition doit lui suffire. Ainsi pratiquée, avec la conscience de ses erreurs possibles et de ses nombreuses illusions, la statistique mérite nos égards et notre gratitude. Il importe à la science qu’elle se perfectionne, absolument de la même façon qu’il importe à l’industrie de voir s’améliorer son outillage.

Ces réflexions me sont inspirées par l’aspect, je n’ose dire par la lecture complète de deux gros volumes qui viennent d’être publiés sur la statistique de la France. L’auteur, M. Maurice Block, que de nombreux travaux économiques recommandent à l’estime des savans, a le bon esprit de ne pas se méprendre sur la destinée qui est réservée aux ouvrages de statistique. Ces ouvrages sont faits plutôt pour être consultés que pour être lus ; l’attrait leur manque, et même parmi les statisticiens doués d’imagination, comme il s’en rencontre, aucun n’a trouvé le secret de rendre la statistique amusante. M. Block a recueilli aux sources les plus sûres, qui s’alimentent parfois ailleurs que dans les régions officielles, les chiffres qui expriment la situation matérielle et morale de notre pays ; il a