durant leurs momens perdus, leur permettre de gagner davantage et d’introduire un peu de bien-être dans leur vie domestique. Ces essais n’ont jamais réussi. Tous les soins de la maison sont abandonnés à la femmes c’est elle qui va chercher les provisions, souvent à de très longues distances ; elle s’occupe seule de tous les détails du ménage. Le mineur passe le temps devant sa fenêtre, presque toujours ornée de quelques fleurs ; quelquefois il s’amuse à élever des oiseaux. Les occupations qui permettent la rêverie sont les seules qui lui conviennent. Il fume pendant de longues heures sans parler, et sa taciturnité croît à mesure qu’il a travaillé plus longtemps dans les mines. Jeune, on le voit encore gai, alerte, remuant ; peu à peu il tombe dans une mélancolie qui n’a rien de sombre, mais qui s’étend autour de lui comme un voile et se trahit par le sérieux du visage et la gravité de ses rares propos.
Le mineur du Harz est pourtant délivré du souci le plus cruel qui tourmente presque partout l’ouvrier : il n’a jamais à craindre que le travail lui manque ; il sait que l’abatage est préparé dans les mines pour une période plus longue que sa propre existence, et que l’administration s’impose comme loi de ne jamais interrompre le travail. Il jouit donc d’une sécurité complète et peut attendre l’avenir avec tranquillité. La sollicitude de l’état a multiplié, pour augmenter encore cette confiance, les institutions de prévoyance : il existe trois caisses de secours et de retraite : l’une (Knapschafts kasse) pour les ouvriers mineurs proprement dits ; l’autre (Hüttenbüchsen kasse) pour les ouvriers des fonderies ; la troisième (Invaliden kasse) pour les forestiers, charbonniers et ouvriers secondaires, tels que charretiers, maçons, serruriers, etc. Les mineurs reçoivent en moyenne 12 ou 13 francs par semaine (ce salaire peut s’élever jusqu’à 20 francs) ; sur cette somme, on leur retient 3 ou 4 centimes (büchsengeld) pour la caisse des mines, qui s’alimente d’ailleurs à d’autres sources. L’administration y verse annuellement pour chaque mine une somme proportionnelle au nombre des bras qu’elle emploie ; cette somme (suppîementsgeld) est de 1 à 3 fr. par trimestre et par ouvrier. Enfin on affecte à la caisse le produit des matières très pauvres qui ne sont lavées que lorsqu’il y a surabondance d’eau, et les recettes extraordinaires provenant des amendes, des remises de l’état, des dons des visiteurs, etc. Grâce à l’établissement de ces caisses, l’ouvrier malade ou blessé reçoit gratuitement les soins d’un médecin et les remèdes : pendant quinze jours, on lui donne son salaire habituel ; après ce terme, on lui remet indéfiniment 3 fr. 71 cent, par semaine, jusqu’à ce qu’il meure ou se rétablisse. La même somme est allouée à l’ouvrier devenu incapable de travailler ; toutes les fois même qu’un mineur, pour cause de maladie ou par