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qui supporte ce poids incommode et facilite les mouvemens de l’animal.

L’homme présente-t-il le moindre fait qu’on puisse comparer aux précédens ? Évidemment non. Dans les groupes humains, le nombre des pièces qui entrent dans la composition de la colonne vertébrale proprement dite est resté toujours et partout le même. Si parfois on a rencontré, des individus présentant une vertèbre en plus ou en moins, ces faits ont été recueillis et signalés à raison même de leur rareté, et, loin de former le caractère d’une race, ils sont restés entièrement isolés. Quant au prolongement de la colonne vertébrale, qui représente chez nous la queue des animaux, et qu’on appelle le coccyx, il a donné lieu, dans ces dernières années, à quelques discussions. La question des hommes à queue, que l’on pouvait croire résolue depuis longtemps, a été remise sur le tapis, et il est difficile de la passer entièrement sous silence. Qu’y a-t-il donc de vrai dans ce que disent à ce sujet les témoignages anciens et modernes, témoignages venant en certaines occasions de personnes évidemment dignes de foi ? Rien que de très simple. L’homme à l’état d’embryon a une queue proportionnellement aussi longue que le chien. Par les progrès mêmes du développement et de la métamorphose, cette queue se trouve changée en coccyx[1]. Un arrêt dans la métamorphose de cette partie suffirait donc pour que l’homme présentât un prolongement caudal sensiblement plus long que celui qu’il possède à l’état normal. Or nous savons que de semblables arrêts ont été fréquemment observés dans presque tous les organes. Il n’y aurait donc rien d’étrange à ce que le fait tant controversé se fût réalisé sur quelques individus. Toutefois, en admettant qu’il en soit ainsi, — ce qui n’est pas prouvé, — en admettant en outre que cette singulière conformation fût devenue héréditaire, et que l’histoire des fameux Niam-Niams[2] ne fût pas une fable, cette modification serait encore bien peu de chose, comparée à celles, que nous montre chaque jour la queue des diverses races de moutons. — Ainsi, ni dans sa partie essentielle, ni dans son prolongement extérieur, la colonne vertébrale de l’homme ne présente des variations comparables en quoi que ce soit à celles que nous rencontrons chez nos races domestiques, et qui les caractérisent.

Nous avons insisté avec quelque détail sur les caractères précédens, parce que les résultats de la comparaison que nous cherchons à établir entre les races animales et les groupes humains pouvaient

  1. Voyez, sur ces transformations, la série intitulée les Métamorphoses et la Généagénèse, 1er juin 1856.
  2. On a donné ce nom à une prétendue peuplade de nègres anthropophages qui serait caractérisée par le prolongement caudal dont nous parlons.