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tous deux peuvent être remarquablement modifiés, tous deux peuvent être exagérés d’une manière évidente, tous deux peuvent disparaître complètement, et tous ces faits caractérisent non pas des espèces, mais bien de simples races.

On n’observe pas chez l’homme de semblables extrêmes. À quelque groupe qu’il appartienne, toujours sa tête reste couverte de cheveux, et toujours aussi, à quelques exceptions près, qui se produisent dans tous les groupes, on retrouve plus ou moins de villosités là où nous en possédons nous-mêmes d’une manière constante. Des populations entières ont la barbe moins fournie que les Européens ; il n’en existe pas qui soient complètement privées de cet attribut. L’assertion contraire, répétée à diverses reprises par un certain nombre d’auteurs, tant anciens que modernes, a toujours été réfutée par des observations plus exactes. Hérodote, Ammien-Marcellin, avaient dît que certains peuples asiatiques sont complètement imberbes ; mais Pallas nous a appris que l’épilation, pratiquée avec un grand soin dès l’enfance, leur donne seule cette apparence. Humboldt a montré que la même explication s’appliquait au prétendu manque de barbe des Américains, et d’Orbigny a pleinement confirmé ce qu’avait avancé sur ce point son illustre prédécesseur. Quant aux cheveux d’un aspect si remarquable qui caractérisent les divers groupes nègres, c’est bien à tort qu’on les distingue par une épithète qui les assimile à la laine de nos troupeaux. Ils ressemblent bien plutôt à du crin crispé, mais ne sont en réalité que des cheveux ordinaires, plus gros seulement et plus rudes que les nôtres, et comme eux répondant au jar des mammifères[1]. Ainsi, à quelque point de vue que l’on compare les plumes ou les poils de nos races domestiques avec, les cheveux et les villosités de l’homme, on rencontre toujours chez les premières des exemples de variations bien plus grandes que dans les groupes humains les plus éloignés. On va voir le même fait se reproduire d’une manière constante dans l’étude comparative d’autres caractères plus importans que ceux qui nous ont occupé jusqu’ici.

Parlons d’abord de la taille. Ici nous trouverons des chiffres précis et bien significatifs. Daubenton et M. Isidore Geoffroy ont donné des tableaux indiquant la longueur et la hauteur des principales races de chien, mesurées l’une du bout du museau à l’origine de la queue, l’autre au train de devant. En comparant le chien de montagne et le petit épagneul, on trouve que la longueur varie de

  1. Une coupe transversale des cheveux appartenant aux races nègre, mongolique et blanche, montre aussi entre elles des différences marquées. Cette coupe est ovale allongée chez le nègre, ovale chez le blanc, circulaire chez le Mongol, l’Américain, etc. On constate d’ailleurs tous les intermédiaires possibles entre ces trois formes.