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Les élémens organiques sont ici plus multipliés. Les organes bien distincts ne se laissent nullement ramener les uns aux autres. L’esprit du zoologiste, habitué à plus de fixité, sera donc porté à attribuer plus d’importance aux modifications extérieures ou intérieures, surtout à celles qui touchent à la question de la fixité des espèces ; mais qu’on y regarde de près, et l’on se convaincra aisément que dans les deux règnes l’espèce peut présenter des modifications héréditaires relativement tout aussi considérables. Toutefois, comme il s’agit ici d’une comparaison rigoureuse et suivie terme à terme, à laquelle les formes et les fonctions végétales ne se prêteraient pas ou se prêteraient mal, nous laisserons les plantes de côté pour ne tenir compte que des animaux et surtout des mammifères.

De tous les caractères présentés par les groupes humains, ceux qui varient le plus et dans les limites les plus étendues sont sans contredit les caractères qui tiennent à la coloration. Par exemple, la peau change du blanc rosé au noir, et certes, pour qui ne s’est pas rendu compte de la nature de pareilles différences, il y a là de quoi frapper l’esprit. Il est difficile de ne pas croire au premier abord que la peau présente chez Je nègre et le blanc des différences radicales, et cette croyance, qu’on se formule plus ou moins nettement à soi-même, est certainement pour beaucoup dans la tendance générale à admettre la multiplicité des espèces. Eh bien ! rien n’est moins fondé que cette conclusion tirée des apparences extérieures. Des recherches déjà anciennes auraient permis de présumer ce fait, qu’ont mis complètement hors de doute les études modernes aidées de procédés de plus en plus délicats et rigoureux. Que l’on emploie une macération méthodique, comme l’a si heureusement fait M. Flourens, ou qu’avec MM. Krause, Simon, Kœlliker, on appelle à son secours le microscope et les agens chimiques, toujours on arrive aux mêmes conclusions, et ces conclusions peuvent se formuler ainsi : — La peau du blanc et celle du nègre sont composées des mêmes parties, des mêmes couches disposées dans le même ordre ; — chez l’un et chez l’autre, ces couches présentent les mêmes élémens, associés ou groupés d’une manière identique ; — sur un seul individu appartenant à la race blanche, on peut trouver à diverses régions, du corps la peau de l’homme noir et la peau de l’homme jaune