On a vu que l’espèce, telle qu’elle est comprise par les naturalistes, repose sur deux ordres de faits et répond à deux idées très distinctes, — ressemblance et filiation. De ces deux idées, la première est celle qui nécessairement exerce le plus d’influence sur les jugemens que nous pouvons tous être appelés à porter à l’improviste. Cette considération bien simple explique pourquoi l’on a généralement une certaine tendance à admettre la pluralité des espèces humaines de préférence à l’unité. Il est en effet impossible de ne pas être frappé des différences de toute sorte qui existent d’un groupe humain à l’autre. Celui qui n’a pas sérieusement étudié la question est presque inévitablement entraîné à voir dans le nègre et le blanc les représentans de deux types originairement distincts ; bientôt il s’ingénie à trouver les moyens de confirmer un jugement porté pour ainsi dire à première vue, et il arrive de la meilleure foi du monde à s’exagérer la valeur de modifications que rien ne l’a préparé à apprécier avec justesse.
Mais, quelque importance qu’on attribue aux caractères différentiels dont il s’agit, peut-on y trouver un argument en faveur des