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LES
MINEURS DU HARZ
SOUVENIRS D'UN VOYAGE DANS L'ALLEMAGNE DU NORD.

De toutes les provinces naturelles de l’Allemagne, il n’en est aucune qui soit plus nettement délimitée que le Harz, Cette région montagneuse surgissant au milieu d’un pays de plaines doit à cet isolement son antique réputation ; son nom a été célébré par les plus grands poètes, et depuis longtemps un voyage dans le Harz est pour un véritable Allemand, ou même pour celui qui veut bien connaître l’Allemagne, une sorte de pèlerinage obligé. Les caractères particuliers de ce pays de mines, la singulière organisation sociale qu’on y trouve en vigueur depuis des siècles, les mœurs qu’on y observe, tout contribue à justifier cette curiosité sympathique dont le Harz est l’objet. Aussi, parcourant, il y a quelques mois, l’Allemagne du nord, je visitai avec un intérêt particulier la pittoresque contrée que domine la pâle cime du Brocken.

Le voyageur qui, du pont d’un navire, aperçoit, après une longue traversée, les lignes bleuâtres qui annoncent la terre, n’éprouve guère plus de satisfaction que je n’en ressentis quand je me trouvai pour la première fois en face de la chaîne du Harz, après avoir traversé les plaines interminables du Hanovre et du duché de Brunswick. Les montagnes sont comme les îles des continens ; l’Océan est à peine plus uni que les immenses surfaces du nord de l’Allemagne : rien n’y distrait l’esprit, devenu la proie d’un ennui oppressif ; nulle vie, nulle animation. À la vue de ces horizons si bas, on se demande instinctivement de combien de mètres la plaine aurait à descendre