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de Garibaldi seraient déjoués, et sa fougue d’action, au grand profit de l’Italie, serait tempérée par la nécessité.

Ce n’est plus seulement dans la vieille et branlante Europe que se font entendre les craquemens d’états : la jeune et fière Amérique est en train de se dissoudre comme un antique empire. Les stars se divisent ; les stripes se déchirent. Il est impossible à des Européens de comprendre cette exaltation imprévoyante qui pousse les états à esclaves à se séparer des états du nord et à s’affaiblir eux-mêmes contre l’esclavage par la crainte seule de voir leurs confédérés refuser l’extradition des esclaves fugitifs, comme si après la rupture du lien fédéral les esclaves fugitifs ne devaient pas être plus assurés de trouver l’asile qu’on leur dispute. Les lettres politiques des États-Unis sont fort sombres, et ne font point espérer de conciliation ; les lettres commerciales sont moins désespérantes : elles disent avec une naïveté brutale que quand planteurs et abolitionistes auront perdu beaucoup d’argent, ils comprendront que leur brouille est une mauvaise affaire, et trouveront vite un arrangement. Les plus avisés, parmi les observateurs de la crise américaine, ne savent que prédire, et nous sommes comme eux. e. forcade.



ESSAIS ET NOTICES.

CORRESPONDACNE DE CHINE.

Nous recevons de Chine quelques notes qu’il nous paraît utile de publier, bien qu’elles contredisent en plus d’un point les données accréditées dans la presse européenne sur les causes et les résultats de la dernière guerre. La personne qui les a recueillies réside en Chine depuis plusieurs années, elle est en rapport avec les représentans les plus considérables du commerce européen de Shang-haï, et, à quelque point de vue qu’on se place, on trouvera ces notes bonnes à consulter.

« Shang-haï, le 20 novembre 1860.

« La campagne militaire est finie, la paix faite, les traités sont signés, et nous pourrons de nouveau expérimenter ce que valent nos relations amicales avec la Chine. C’est le 24 et le 25 octobre que M. le baron Gros et lord Elgin ont échangé à Pékin les traités ratifiés entre la Chine, la France et l’Angleterre. En vertu de ces conventions, le traité de Tien-tsin, tenu en suspens jusqu’à ce jour, entre enfin en vigueur. De plus, la Chine paie 8 millions de taels (70 millions de francs), comme indemnité pour frais de guerre, à la France et autant à l’Angleterre ; la ville de Tien-tsin, ce port de Pékin, est ouverte au commerce étranger ; l’émigration chinoise est autorisée, et le territoire de Coco-loun, qui se trouve sur la terre ferme en face de l’île de Hong-kong, est cédé à l’Angleterre.

« M. le baron Gros et lord Elgin auraient attaché une gloire durable à leur