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DEUX
EPISODES DIPLOMATIQUES

I.
DERNIERES NEGOCIATIONS DE L'EMPIRE. - OUVERTURES DE FRANCFORT ET CONFERENCES DE CHATILLON.

Histoire de la Restauration, par H. Louis de Viel-Castel.

L’étude de l’histoire de nos jours repris faveur : cela est naturel. Le temps n’est plus où les annales de la France s’écrivaient à l’ombre des cloîtres, pour l’édification du petit nombre, par d’obscurs solitaires. Notre passé national a cessé d’être un bien de mainmorte exploité par des moines. L’antique champ de l’église est définitivement tombé dans le domaine commun. Aux pieux bénédictins ont succédé d’abord les savans de profession, puis les philosophes, les beaux esprits, les lettrés, et voici encore de nouveaux occupans. Ceux-ci sont avant tout les hommes du siècle : ils ont mis la main aux affaires de ce monde, ils ont dominé par la parole les libres assemblées de leur pays et siégé avec honneur dans ses conseils responsables. Ne leur demandez, pas de quel droit ils s’emparent aujourd’hui de l’histoire : les plus considérables vous répondront que l’histoire a été leur première vocation, qu’ils l’avaient aimée avec ardeur avant de songer à la politique, et c’est justice en vérité, si, après avoir fait l’éclat de leur jeunesse, elle soutient, distrait, et couronne aujourd’hui si dignement leur âge mûr.

La politique est en effet la meilleure école de l’historien. Elle ne lui sert pas seulement à pénétrer plus avant dans les ressorts cachés