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LE GENERAL
SIR ROBERT WILSON
COMMISSAIRE ANGLAIS AU CAMP RUSSE
PENDANT LA GUERRE DE 1812

Narrative of Events during the Invasion of Russia by Napoleon Bonaparte and the Retreal of the French army, — 1812, — by general sir Robert Wilson. K-. M. T. Edited by his nephew and son in law, the Rev. Herbert Randolph. M. A. London, Murray, 1860.

Sur ce radeau du Niémen où Napoléon et Alexandre cherchèrent à cimenter, aux dépens de l’Europe effrayée, une alliance qui eût englouti pour bien longtemps les libertés du monde entier, — à la porte même de l’étroite enceinte où se débattaient de si grands intérêts, — un jeune homme, revêtu de l’uniforme des Cosaques de la garde, et dont l’immobile physionomie semblait attester qu’il ne comprenait pas un mot de cet entretien en langue étrangère, prêtait cependant une oreille attentive et notait précieusement jusqu’à la moindre parole échangée. L’Angleterre écoutait ainsi ce que la France et la Russie avaient à se dire. Ce prétendu Cosaque, cette sentinelle impassible sur laquelle aucun des deux interlocuteurs couronnés ne daignait abaisser un regard, c’était un militaire intelligent et brave, transformé ce jour-là, il faut bien le dire, en espion politique, et qui n’a jamais songé à désavouer ce rôle. C’était sir Robert Wilson.

Entré au service en 1793, à seize ans, sous les auspices personnels de George III, il avait fait ses premières armes l’année suivante