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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 décembre 1860.

L’ombre que les questions extérieures projettent sur la politique intérieure de la France est trop épaisse pour qu’il nous soit encore facile de rendre aux questions intérieures proprement dites le rang qui leur appartient, c’est-à-dire le premier. À cette fin d’année (la fatalité veut depuis quelque temps que les années s’éteignent dans une brume morose), la vive attente de chacun se porte bien plus sur le dehors que sur le dedans. C’est en vain qu’une apparence de retour vers une politique libérale s’est naguère montrée, et que le droit nous est acquis de compter sur une prochaine renaissance de vie parlementaire. On est curieux sans doute de voir ce que deviendra à l’exécution le programme du 24 novembre ; mais l’on s’inquiète bien davantage des incidens européens que nous promettent les premiers mois de 1861. C’est la question de paix ou de guerre qui reprend la première place dans les esprits. C’est surtout de l’influence que les commotions extérieures peuvent exercer sur la France que l’on se préoccupe. L’Italie, l’Autriche, la Turquie peut-être, sont dans un état violent, qui peut à tout moment entraîner des perturbations profondes. Ces perturbations éclateront-elles à l’époque depuis si longtemps prédite, c’est-à-dire au printemps prochain ? Quelles en seront les conséquences pour le reste de l’Europe ? Telles sont les interrogations que l’opinion s’adresse avec une anxiété qui va croissant à mesure que l’on avance vers l’échéance commune qu’ont fixée les espérances des uns et les craintes des autres.

À notre avis, la grande importance des événemens européens auxquels nous touchons, au lieu de détourner l’opinion des discussions intérieures dont le mécanisme de notre gouvernement peut être l’objet, devrait au contraire l’y ramener avec plus de force. Nous sommes à la veille d’une grave crise européenne, soit ; mais alors de quoi s’agit-il pour la France ? Évidemment de deux choses : d’abord de bien connaître, la nature des pro-