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mandé à l’impôt, nous ne pouvons que louer son extrême réserve sous ce rapport. Déjà, il y a trois ans, nous constations la modicité relative des impôts espagnols, et en particulier de l’impôt foncier. En 1845, M. Mon établit une contribution directe de 300 millions de réaux, plus faible que l’ancienne dîme; mais de celle-ci combien de gens étaient affranchis pour cause de hidalguia, tandis que chacun à présent supporte sa part des charges publiques ! Porter aujourd’hui la contribution foncière à 400 millions de réaux, soit 100 millions de francs, n’est-ce pas rester au-dessous du possible et du juste pour un territoire à peine inférieur d’un neuvième en étendue à celui de la France, et riche des productions de l’Asie et de l’Europe aussi bien que des plantes océaniques et des végétaux africains? L’impôt foncier, d’après la loi espagnole, ne doit pas atteindre 14 pour 100 du revenu réel; mais ce revenu lui-même, grâce aux voies de communication nouvelles, est destiné à s’accroître, et le territoire espagnol, qui pourrait facilement nourrir une population à peu près égale à la nôtre, supporterait aisément un impôt foncier plus en rapport avec la contribution foncière en France, qui est près de trois fois plus élevée. La surtaxe de guerre de 12 pour 100 sur l’impôt foncier en Espagne peut et doit donc être maintenue dès à présent.

C’est aussi en 1845 qu’un ministère conservateur a établi les impôts indirects dans la forme qui leur a été restituée en 1856, après une courte suspension de deux ans. Les anciennes taxes, auxquelles il a substitué les consumos et puertas (impôts de consommation et octrois) rendaient 191 millions de réaux; mais le personnel nécessaire à la perception dévorait le revenu. M. Mon estima le produit des nouvelles taxes à 180 millions. Elles sont comprises, en 1860, pour 390 millions dans le total de 432 millions applicable aux impôts indirects et ressources éventuelles. Ce même chapitre des recettes est porté à 458 millions dans le projet de budget de 1861. La surtaxe de guerre de 10 pour 100 peut bien être pour quelque chose dans le progrès d’un impôt qui en 1846 ne rendait que 187 millions au trésor, et 270 en 1858; mais le développement de la richesse publique a fait bien davantage. C’est principalement sur le revenu des impôts de consommation et de douanes que les améliorations intérieures doivent exercer le plus d’influence. Le ministère O’Donnell, en développant les voies de communication, favorise, outre le progrès de la consommation, celui de l’industrie. Le subside industriel, qui a doublé en dix ans (40 millions contre 88), n’atteste pas encore que l’Espagne ait tiré parti de toutes les richesses que renferme son sol. Depuis 1857, de nouveaux efforts ont été tentés, notamment pour la houille et le fer. Quoi qu’il en soit, si M. Salaver-