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nées à remplacer les actions des chemins de fer prises par l’état et les subventions en argent, devaient être remises aux compagnies au taux fixé par une adjudication publique. Inutile d’ajouter que, pour les annuités résultant de l’émission de ces obligations, comme pour le paiement des crédits extraordinaires objets de la loi du 1er avril, les biens des corporations et le capital de la caisse des remplacemens militaires devaient y pourvoir dans la période indiquée de huit années.

Les cortès concédèrent au gouvernement les crédits demandés : 350 millions pour le ministère de la guerre, 450 pour la marine, 70 millions pour chacun des départemens de la justice et de l’intérieur, 60 pour les finances, et pour le seul ministère de fomento 1 milliard de réaux. Les cortès autorisèrent également le ministère à émettre des obligations spéciales pour subventionner les chemins de fer, et il fut décidé que chaque année un compte spécial de cette émission serait présenté aux chambres législatives, tandis qu’on renvoyait à l’année 1861 l’obligation de présenter le tableau des tra- vaux ou des services couverts par le crédit de 2 milliards de réaux.

Le cabinet O’Donnell-Salaverria fut investi de la confiance de la reine dans la seconde moitié de l’année 1858; c’est donc à l’occasion du premier projet de budget qu’il ait préparé, c’est-à-dire au commencement de 1859, que les deux lois dont il vient d’être question furent présentées et votées. Elles attestent l’esprit de prévoyance et le sens pratique avec lesquels le nouveau ministère envisageait la situation économique du pays. Elles ont servi de base à sa politique intérieure. Pour mettre le lecteur à même d’en apprécier les résultats, nous devions les mentionner tout d’abord, ainsi que l’heureuse négociation qui a mis d’importantes ressources à la disposition du gouvernement. Il était impossible que chaque année le budget ne présentât pas un déficit; le parti conservateur avait eu la franchise de l’avouer en recueillant l’onéreuse succession échue en 1856. La division des dépenses en ordinaires et extraordinaires, adoptée pour donner une vaine apparence de destination spéciale aux ressources autres que les revenus annuels et permanens, ne pouvait tromper sur l’insuffisance de ces revenus les hommes intéressés à mesurer le crédit de l’état. Le ministre des finances eut le mérite, non-seulement d’avouer le déficit, mais d’en élargir les limiter et de semer pour recueillir. Il maintint l’augmentation de l’impôt direct proposée par M. Mon, il ajouta même au budget extraordinaire une sorte de budget extra-supplémentaire, voulant provoquer par une large extension de travaux un développement plus rapide de la richesse publique. Huit années devaient suffire à relever les forces militaires et navales du pays, à le doter de nombreux moyens de communica-