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HISTOIRE NATURELLE

DE L’HOMME


UNITE DE L’ESPÈCE HUMAINE.

Les particularités physiques, intellectuelles, morales, qui distinguent les groupes humains disséminés à la surface du globe, accusent-elles entre ces groupes des différences radicales, ou bien, malgré les apparences contraires, l’homme est-il partout le même au fond ? En d’autres termes, existe-t-il une seule espèce ou bien plusieurs espèces d’hommes.[1] ?

Cette question est toute moderne. Faute de connaissances suffisantes en zoologie et en botanique, les philosophes, les géographes de l’antiquité, les savans du moyen âge et de la renaissance n’avaient même pu songer à la poser, et pourtant on peut dire que les uns et les autres y avaient répondu d’avance à peu près dans le même sens. Du peu que les premiers ont écrit sur cette matière, on doit conclure qu’à leurs yeux la nature de l’homme est partout la même, et que des conditions extérieures, le froid et la chaleur particulière-

  1. Le but de la série commencée pour répondre à cette question est de résumer un cours fait au Muséum dans le courant de l’année 1860. Dès 1856, et en montant pour la première fois dans la chaire d’anthropologie, j’avais professé les mêmes idées, appuyées à peu près des mêmes raisons. J’avais tardé jusqu’ici malgré diverses sollicitations, à produire ces idées sous une autre forme que celle de l’enseignement oral ; je me demandais en effet si l’ouvrage destiné à les exposer ne pouvait pas gagner à ces ajournemens ; mais aujourd’hui je crois utile d’indiquer ce que les sciences naturelles nous apprennent sur ces graves questions si vivement débattues, et je me borne à rappeler l’origine et la nature de ce travail.