Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 30.djvu/492

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souverains des petits états, devenus plus concilians, convinrent de tenir à ce sujet une conférence militaire, qui se réunit à Wurtzbourg au commencement du mois d’août. Cette réunion se composa des ministres de la guerre ou d’officiers supérieurs de Bavière, Wurtemberg, Hanovre, Saxe-Royale, Bade, Hesse-Électorale et grand’-ducale, Mecklembourg-Schwerin et Nassau. Une convention fut signée le 5 août et soumise ensuite par la Bavière à la sanction de la Prusse et de l’Autriche. Cet acte vient d’être livré à la publicité. En voici le préambule : « Pénétrés de la nécessité de sauvegarder autant que possible l’intégrité et la sûreté de l’Allemagne dans les circonstances actuelles, et en vue de l’éventualité d’une menace de guerre, les gouvernemens de Bavière, etc., ont porté leur attention sur les mesures propres à faciliter la prompte concentration des forces militaires allemandes, concentration si désirable en de pareilles circonstances. » Peu de mots suffiront pour résumer les stipulations au moyen desquelles on se propose d’atteindre ce résultat ; quoique ces dispositions soient assez équitables, on verra qu’elles sont fondées sur des distinctions, des réserves, des hypothèses, qui ouvrent encore la voie, lorsque l’heure de l’action aurait sonné, à des négociations nouvelles et à des lenteurs inévitables.

On sait que l’armée fédérale se compose de dix corps d’armée, les trois premiers fournis par l’Autriche, les trois suivans par la Prusse, et les quatre autres, des numéros 7 à 10, par les états secondaires. On suppose d’abord dans la convention de Wurtzbourg le cas où, la guerre éclatant, les deux grandes puissances allemandes y prendraient part, ou avec leurs forces totales, ou avec une partie seulement de leurs forces non allemandes. Dans cette hypothèse, le choix du commandement en chef de l’armée allemande sera laissé en pleine confiance à l’entente de la Prusse et de l’Autriche. Il en serait de même si l’une des deux s’engageait dans la guerre avec toutes ses forces, tandis que l’autre n’y apporterait que son contingent obligatoire. Mais les deux puissances s’entendront-elles toujours sur une question aussi délicate ? Il a donc fallu prévoir le cas où elles ne parviendraient pas à se mettre d’accord : alors le choix du généralissime appartiendrait à la diète, que les deux grands gouvernemens saisiraient de leurs propositions respectives. Autre hypothèse : il se peut que l’une des grandes puissances réunisse son contingent à ses forces non allemandes, et le tienne ainsi à l’écart de l’armée fédérale ; si cet événement se réalise, les sept autres corps restans formeront l’armée fédérale, et l’élection du général en chef se fera d’après les lois de la confédération, avec cette réserve que les gouvernemens seuls qui auront leurs contingens sous le drapeau fédéral pourront prendre part à l’élection. Enfin, si les deux grandes puissances retirent de la même façon leur contingent de l’armée fédérale, il sera élu un commandant supérieur pour les 7e, 8e, 9e et 10e corps, c’est-à-dire pour l’ensemble des contingens des états secondaires, et voici comment l’on procédera à la nomination de ce général. Chacun des quatre corps présentera un candidat, et ce sera