chaque olympiade élever des statues, mais les cités ne cessaient point de lutter de munificence. Tout servait de prétexte à un zèle qu’enflammaient les rivalités nationales : une victoire, un oracle, un fléau détourné, un bienfait reçu, le caprice d’un homme d’état. Aussitôt on consacrait les images des dieux, des héros, des généraux vainqueurs, des bons citoyens ; les sculpteurs les plus habiles étaient employés, le bronze, le marbre, l’or, l’ivoire prodigués tour à tour. Les pays les plus lointains, la Sicile aussi bien que l’Asie, voulaient être représentés par des chefs-d’œuvre. C’était par des chefs-d’œuvre que les colonies prouvaient leur parenté avec la Grèce et que les tyrans des contrées à demi barbares justifiaient leurs prétentions au nom de Grecs. L’art profitait de tout, même des mesures disciplinaires ; c’est là un trait caractéristique. Quand un athlète avait transgressé les règlemens établis par les juges des jeux, il payait une amende. À quel usage les Eléens appliquaient-ils cette amende ? À l’entretien d’un monument ? aux besoins du culte ? aux frais de l’hospitalité publique ? Non, ils consacraient une statue à Jupiter. Une série d’amendes ainsi transformées ornait la terrasse qu’ils appelaient le Zanès. On peut se faire une idée de la quantité de statues qui remplirent peu à peu la cité olympique. Sous le règne de Néron, les Romains en enlevèrent trois mille. Cependant tel était le nombre de celles qui restaient, que Pausanias, un siècle après, eut besoin d’un volume entier pour les énumérer d’une façon sommaire.
Afin d’entrevoir toute la beauté d’un tel sanctuaire, il faut lui rendre en imagination le cadre merveilleux dont l’antiquité seule a pu jouir. Les produits de l’art grec ne sont point accumulés dans un édifice, si vaste qu’on le suppose, et éclairés d’un jour inégal. Ils sont à ciel ouvert, baignés par les rayons du soleil. Les statues bordent les avenues de l’enceinte sacrée ; elles sont disposées selon les époques et dans un harmonieux désordre, quelle que soit leur dimension ou la matière qui les compose, ici réunies, là isolées, tantôt sur des piédestaux, tantôt sous des portiques. Les plus précieuses, par exemple les statues d’ivoire, aussi bien que les peintures, sont à l’abri dans les temples et dans l’intérieur des trésors. De distance en distance s’élèvent au milieu de la verdure les temples peints de couleurs éclatantes, les colonnes votives, les colosses. Le stade et l’hippodrome sont voisins ; ils touchent à l’Alphée, ombragé par des peupliers qui ne cessent d’agiter leur blanc feuillage. Derrière le temple de Jupiter olympien croît l’olivier, dont les branches couronnent les vainqueurs. Partout la nature mêle son charme aux splendeurs de l’art, et dans aucun lieu de la Grèce elle n’a plus de douceur. Les riantes collines qui entourent Olympie se disposent en amphithéâtre comme pour appeler les fêtes et les combats non sanglans. Tous les quatre ans, dès que la trêve sacrée a