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BEAUX-ARTS

DU PRINCIPE DES EXPOSITIONS

LE CONCOURS EN GRECE ET DE NOS JOURS.

Le retour des expositions de peinture et de sculpture est attendu comme une fête, fête de l’intelligence et du goût. On a déjà publié le programme qui annonce l’exposition de 1861; ce programme n’offre de nouveau qu’une clause rigoureuse qui défend à chaque peintre d’exposer plus de quatre tableaux! Quatre tableaux ! c’est peu si l’artiste a du talent, c’est trop s’il n’en a pas; mais je ne prends point la plume, en ce moment, pour critiquer l’administration des beaux-arts. Je voudrais, au contraire, obtenir d’elle des mesures plus larges, et comme des gens bien informés m’assurent que l’opinion publique est toute-puissante dans notre pays, que le gouvernement n’est que l’expression de ses désirs ou de ses arrêts, c’est à l’opinion que je m’adresse. L’art se perd chez nous. Les expositions n’en retardent point la décadence; certains juges affirment qu’elles la précipitent. Pour moi, j’estime qu’elles sont chose bonne par leur nature, mauvaise par leur application. Or tout dépend de l’application. Les médecins ne nous enseignent-ils pas que les meilleurs remèdes, si on les emploie avec excès, deviennent poison?

Il convient donc de discuter le principe même des expositions, de rechercher quelles conditions, quelles règles particulièrement salutaires doivent régir de telles solennités, car elles ne sont pas uniquement destinées à réjouir le public et à servir l’intérêt des artistes : elles ont, je le suppose du moins, un but plus élevé, qui est le progrès de l’art. Il est naturel d’examiner comment ce pro-