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LA CHUTE
DE
L’EMPIRE ROMAIN

Récits de l’Histoire romaine au cinquième siècle, par M. Amédée Thierry, de l’Institut; 1 vol. in-8o, 1860.

L’histoire des révolutions humaines n’offre pas de plus grand contraste que le tableau de l’empire romain vers le milieu du IVe siècle et l’aspect de ce même empire une cinquantaine d’années plus tard. Voyez l’organisation du monde telle que Constantin l’a faite : jamais la hiérarchie sociale ne parut plus solidement constituée. Du haut de ce trône impérial, vers lequel sont dirigés tous les regards, le maître de l’univers peut étendre la main jusqu’au dernier de ses sujets: le plus humble habitant d’une bourgade ignorée essaierait en vain d’échapper au moindre caprice de l’empereur. Quelle distance pourtant entre le maître et le sujet! mais aussi que d’intermédiaires! Les illustres, les clarissimes, les considérables (spectabiles), échelonnés au-dessous des officiers du palais et des comtes de l’empire, forment les rangs supérieurs de cette majestueuse assemblée, de ce grand sénat universel réuni au pied du trône, tandis que l’innombrable armée du fisc est partout présente, partout à l’œuvre, des côtes de Bretagne jusqu’aux rives de l’Euphrate. L’ordre règne invariablement sur tous les points de cette vaste étendue. Chacun demeure à sa place, chacun garde son rang. L’empire est sillonné de routes magnifiques, et il y a dans toutes les villes des amphithéâtres où se