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germaines, etc. : elles appartiennent à un degré ultérieur de la classification, et il faut leur attribuer la dénomination de sous-races aryennes, dénomination qui implique leur rapport avec un tronc commun et leur étroite alliance entre elles. Cela étant établi sur les faits fournis par l’histoire naturelle et par la linguistique, il n’est pas possible d’établir entre ces sous-races des différences naturelles, primordiales, et, si l’on veut me passer cette expression, familiales, qui donnent aux unes sur les autres des facultés prééminentes, et qui permettent à celles-ci d’atteindre dans les régions supérieures de l’intellect des degrés interdits à celles-là. L’aspect de cette race aryenne, disséminée sur une étendue immense de terrain, se présente comme celui des différentes provinces d’un grand empire, la France par exemple. Chez nous, le pays se divise en Bourgogne, Provence, Gascogne, Poitou, Normandie, Picardie et le reste. Ces compartimens diffèrent par le parler, par les habitudes, par les apparences extérieures, par mille nuances qui proviennent de leur situation géographique et des événemens de l’histoire locale et anté-française; mais qui pourrait dire qu’aucune de ces provinces l’emporte sur les autres par un heureux privilège qui ferait naître dans son sein les hommes les plus éminens de la commune patrie? Il n’en est rien : les poètes, les écrivains, les savans, les politiques, les capitaines proviennent des quatre points de notre horizon, et en recherchant leur origine il serait impossible de signaler un terroir plus fertile que le reste en esprits excellens, ou d’affirmer que tel point, moins favorisé jusqu’alors, ne le sera pas autant que les autres un jour à venir.

C’est, sur une bien plus vaste échelle, la condition de la race aryenne avec ses sous-races. Les différences entre les sous-races sont très grandes : elles sont dues non à la nature, mais aux circonstances extérieures, c’est-à-dire au climat, à l’époque, à l’histoire et surtout à l’éducation civilisatrice. Celles des sous-races aryennes dont les documens historiques remontent le plus haut sont les Indiens, les Perses et les Grecs. Toutes trois reçurent des communications et des enseignemens des peuples à qui l’on doit les premières assises de la civilisation, Égyptiens, Assyriens, Sémites de Sidon et de Tyr. Les Indiens, perdus à l’extrême Orient et séparés dès lors du vrai courant de la civilisation, firent un monde à part qui ne s’éleva pas au-delà du brahmanisme et du bouddhisme. Les Perses furent submergés dans l’Orient; la religion de Zoroastre fut leur terme, et plus tard l’islamisme coupa chez eux tous les anciens germes. Les Grecs eurent la haute fortune d’ouvrir à la race aryenne les grandes destinées qui lui étaient réservées; sur leur étroit confin et leur bout de rivage à la fois asiatique et européen, ils reçurent de l’Orient les rudimens de l’éducation sans se