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tion, et impose à l’état des attributions qui ne sont pas les siennes. Cependant il pourra parfois convenir aux particuliers, par exemple lorsque dans la localité, le commerce des bois faisant défaut, les populations riveraines des forêts sont forcées de venir s’y pourvoir des bois dont elles ont besoin, et lorsqu’on aura des personnes sûres pour les charger du recouvrement des créances. Dans toute autre condition, la vente sur pied devra être préférée.

Avant de procéder à la vente, il faut spécifier d’une manière précise quelle est la chose vendue. On commence, pour cela, par fixer l’assiette de la coupe, c’est-à-dire par déterminer sur le terrain, au moyen de tranchées, de bornes, ou d’autres signes matériels, la partie de la forêt sur laquelle l’exploitation devra porter. Cela fait, il reste à désigner les arbres qui dans cette enceinte sont compris dans la coupe, ou, ce qui revient au même, ceux qui n’y sont pas compris ; cette opération s’appelle balivage. Quel que soit le mode de traitement auquel une forêt est soumise, il est rare qu’on exploite en une fois tout le matériel existant. Dans les futaies, quand on entame un massif, on laisse sur pied un certain nombre d’arbres destinés à produire des semences pour opérer la régénération de la forêt, et ce n’est que plus tard, lorsque le sol s’est complètement couvert de jeunes semis, qu’on vient successivement enlever les arbres ainsi conservés. Dans les taillis, quoique la reproduction doive s’opérer par les rejets de souches, on conserve néanmoins sous le nom de baliveaux les sujets les mieux venans appartenant aux essences les plus précieuses, destinés à fournir des graines pour remplacer les souches épuisées, et à donner dans l’avenir des bois de grandes dimensions, propres à la charpente et à l’industrie. Afin de laisser sur ces arbres à mettre en réserve un signe extérieur qui les indique aux marchands de bois et aux bûcherons comme n’étant pas compris dans la coupe, on se sert d’un marteau dont la partie antérieure est tranchante comme une hache, et dont le dos présente en saillie le chiffre du propriétaire. Ce chiffre pour les forêts de l’état se compose des deux lettres A F (administration forestière). Le tranchant du marteau sert à enlever à l’arbre une partie de l’écorce, et le dos à imprimer sur le bois mis à nu ces lettres, qui doivent rester comme empreinte. Un procès-verbal constate le nombre et la nature des arbres ainsi marqués, afin qu’on puisse les retrouver intacts une fois l’exploitation terminée. L’acquéreur de la coupe est responsable de tout déficit et puni d’une forte amende pour chaque réserve manquant au moment du récolement.

Concurremment avec le balivage, on procède à l’estimation des arbres qui doivent être abattus, et qui constituent en réalité la chose vendue. Cette estimation faite à vue d’œil, ou au moyen d’instru-