Un Genevois bien connu de tous les amateurs de livres rares et curieux par ses belles éditions de la chronique de Froment sur l’établissement de la réforme à Genève et des pamphlets anti-romains de François Bonnivard, M. Gustave Révilliod, vient d’acquérir un nouveau titre à la reconnaissance des lecteurs éclairés par la publication des poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore. Il a réuni et noué en bouquet les dernières fleurs tombées de cette main fiévreuse et défaillante, il nous a fait entendre les derniers accens de cette voix que l’amour et la douleur avaient rendue éloquente et inspirée. Ainsi c’est un Genevois qui a offert à la France souvent oublieuse cet héritage poétique d’un enfant de la France; qu’il reçoive ici l’expression de notre reconnaissance pour cet acte de piété, et qu’une partie de cette reconnaissance revienne à cette noble ville de Genève, qui n’a jamais rien laissé perdre des trésors de la France, qui les a toujours précieusement recueillis pour les lui rendre au jour voulu. Puisse-t-elle longtemps rester à nos portes comme une petite patrie à côté de la grande, comme une petite France où nous puissions, en compagnie de semi-concitoyens, jouir de l’illusion de la patrie! J’ai quelquefois entendu exprimer le vœu que Genève pût être un jour réunie à la France; je ne sais quelle force politique la France retirerait de cette union, mais je sais bien ce que les lettres françaises y perdraient. Genève a cet inappréciable
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PORTRAITS POÉTIQUES
Mme DESBORDES-VALMORE.
Poésies inédites, par Mme Desbordes-Valmore, publiées par M. Gustave Révilliod Paris et Genève, 1860.