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s, et qui, en ne formant aujourd’hui qu’un même royaume, doivent conserver encore leur autonomie administrative. Ces provinces, on les connaît, et on sait aussi quel peut être le siège de leur gouvernement : c’est Turin pour le Piémont, Milan pour la Lombardie, Florence pour la Toscane, Gênes pour la Ligurie, Bologne pour l’Emilie, etc. Ces grands gouvernemens seraient exercés par des lieutenans du roi, c’est-à-dire par des princes de la famille royale ou par des hommes illustrés par de longs et éclatans services dans l’armée, l’administration, la magistrature. Ces hauts fonctionnaires, comme le nom l’indique, représenteraient l’autorité royale en toute circonstance et resteraient sous la dépendance directe du conseil des ministres. Ils auraient auprès d’eux un conseil de gouvernement, composé d’administrateurs nommés par le chef de l’état et chargés, sous le nom de directeurs, de pourvoir à toutes les affaires. Tous les ans, une commission de députés des administrations provinciales se réuniraient auprès du lieutenant du roi pour discuter et préparer le budget du gouvernement général, qui devrait être soumis à l’approbation du parlement. On comprend facilement en outre l’avantage qu’il y aurait à conserver ou à créer dans ces grands centres des établissemens supérieurs d’instruction publique, de beaux-arts, des écoles d’industrie et des mines, des arsenaux, des collèges militaires. Chaque grand gouvernement aurait sa part d’établissemens de ce genre en raison de ses titres, de ses traditions et de ses intérêts. Tout marcherait ainsi à la fois sous le stimulant de la plus grande liberté possible.

Au faîte de cette hiérarchie est le pouvoir central représenté par le conseil des ministres, qui, sous l’inviolable autorité du roi, dirige la grande politique de l’état et ses relations avec l’étranger, préside à la justice, administre les finances, organise l’armée et la marine, fait la police générale du royaume. Les attributions du conseil des ministres devraient rester, je pense, essentiellement politiques. Quant aux travaux publics, à l’enseignement, à l’agriculture, au commerce, il serait préférable, pour plus d’économie et de simplicité, de confier ces intérêts à des hommes spéciaux ou à des commissions permanentes, en les mettant à l’abri des vicissitudes de la vie ministérielle.

Ceci, je le répète, n’a nullement la prétention d’être un plan complet de gouvernement ; ce n’est point un système abstrait conçu a priori. C’est une ébauche d’organisation que j’ose recommander à ceux qui auront la mission de constituer le nouveau royaume italien ; c’est le résumé de quelques idées en rapport avec nos mœurs, avec nos vrais besoins, inspirées par l’expérience que nous venons de faire depuis que les annexions ont été proclamées. Si nous parvenons à réaliser notre émancipation avec honnêteté, sagesse et persévérance, à fonder une monarchie constitutionnelle ayant une large base dans les libertés communales, un fort pouvoir législatif au sommet, et partout des mécanismes administratifs prompts, simples et économiques, l’Italie se montrera encore une fois digne de la place qu’elle a occupée dans l’histoire. Je ne l’ignore pas d’ailleurs, l’œuvre est difficile ; elle s’efface un peu aujourd’hui devant les événemens qui s’accomplissent autour de nous. Elle n’a pas moins son importance, car, quel que soit l’hé