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s’il était en même temps homme de loi, avocat de la municipalité et juge de paix ou de conciliation. Une des attributions municipales en Toscane a toujours été la perception des impôts de la commune, de la province et du gouvernement. On n’a jamais eu à se plaindre dans ce pays d’un système si simple, si sûr et si économique. Il est donc à désirer non-seulement que cette attribution soit laissée à la commune, mais encore qu’elle soit étendue à la perception des octrois des villes, si toutefois nous n’aimons mieux suivre l’exemple de la Belgique, qui vient d’abolir ce genre de taxes.

L’élection du premier magistrat de la commune doit enfin attirer particulièrement l’attention du législateur. La première condition évidemment pour que la liberté communale ne soit pas un vain mot, c’est que les citoyens soient pleinement investis du droit de choisir eux-mêmes ce magistrat. Il est temps, je ne cesserai de le répéter, de renoncer à des préjugés ou à des artifices qui ne conviennent qu’à des régimes absolus. Lorsque la loi municipale aura déterminé les catégories des personnes parmi lesquelles on peut choisir l’administrateur de la commune, on peut être sûr que l’élection ira chercher le plus digne, celui que l’opinion publique aura proclamé d’avance. La loi, en réservant au chef de l’état l’approbation du choix des électeurs, assurerait au pouvoir central une intervention suffisante, qui aurait de plus cet effet utile de communiquer un peu du prestige de l’autorité suprême au premier magistrat de la commune. Si nous voulons que les citoyens aiment la liberté, apprennent à s’en servir avec sagesse et soient disposés à faire des sacrifices pour la conserver, nous devons leur laisser l’indépendance et la responsabilité de leurs actes. Le jour où, par une bonne loi municipale, nous aurons obtenu que tous les citoyens d’une commune s’intéressent à l’élection de leur premier magistrat, où cette élection sera devenue la plus grande affaire de la localité, ce jour-là nous aurons fait beaucoup plus pour enraciner la liberté en Italie, pour donner à la masse du peuple des sentimens de dignité, de patriotisme et de dévouement, qu’en promulguant des déclarations solennelles sur les droits de la liberté individuelle et sur l’inviolabilité du domicile. L’histoire, qui ne rappelle que trop souvent les vicissitudes de ces grandes constitutions, œuvres des philosophes ou des assemblées, n’a jamais dit qu’un peuple attaché à ses libertés municipales ait cessé d’être un peuple fait pour la liberté politique. Suivons donc cette voie où nous poussent nos goûts, nos mœurs, toutes nos traditions, la seule qui puisse nous conduire à faire de l’Italie une nation libre et florissante.

Il reste à organiser l’autorité provinciale. Nous entendons par province à peu près ce qu’on entend en France par département. Les anciennes légations de Bologne, de Ferrare, de Ravenne et de Forli sont les quatre provinces de l’Emilie. En Toscane, il y a aussi des provinces qu’on a appelées compartimens de Florence, de Pise, de Livourne, de Lucques, etc. La même division territoriale et administrative existe en Lombardie et en Piémont. Ces provinces, dont la population varie chez nous de cinquante mille à trois cent mille âmes, et qui se groupent autour d’une grande ville, représentent un ensemble d’intérêts réunis par des liens de dépendance administrative établis depuis longtemps. On conçoit facilement, et l’exemple de l’Angleterre