Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/745

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prochaines pour qu’il soit difficile de comprendre ce besoin que les souverains éprouvent de se serrer les uns contre les autres. Le partage de la Pologne, qui a commencé en Europe cette ère des déprédations d’états dont elles se plaignent, est un bien puissant ciment entre les cours du Nord. Les anciens complices, sous l’influence de ce souvenir et des craintes communes qu’il entretient en eux, finissent toujours par se rejoindre. Nous ne trouvons rien à redire Il ces rapprochemens, s’ils doivent être une garantie de paix ; mais ils seront pour les princes qui les recherchent une source d’amères déceptions, s’ils pensent y trouver exclusivement la sécurité de leurs trônes. Ce ne sont pas les alliances qui fortifieront les vieilles monarchies ; elles ne trouveront la force qu’elles cherchent avec tant d’inquiétude que dans les inspirations de l’esprit moderne, dans les institutions libérales et populaires, dans les courans du progrès politique où veulent s’élancer les populations qui leur sont soumises. La session du conseil de l’empire autrichien vient à cet égard de nous révéler de remarquables symptômes : symptômes de régénération si l’empereur n’est pas rebelle au souffle libéral dont est animée cette assemblée de notables, symptômes de ruine et de révolution si le césar s’obstine dans une résistance absurde et dans la démence de l’autocratie. e. forcade.


ESSAIS ET NOTICES.

DE L’ORGANISATION DU NOUVEAU ROYAUME D’ITALIE.

L’Italie, j’en conviens volontiers, est aujourd’hui dans une crise ardente et sérieuse, où il est difficile que toutes les attentions ne se tournent pas vers cette lutte nouvelle que quelques milliers de volontaires sont allés commencer, il y a trois mois, en Sicile, et qui, en se prolongeant, en s’étendant, devient une révolution pour la péninsule tout entière. Tous les regards sont fixés sur Naples, sur les états pontificaux, où les événemens se pressent. Chaque jour est décisif sans doute. Plus ce travail de reconstitution nationale se précipite, plus il est utile cependant de songer au lendemain, de se préoccuper de la réorganisation du pays, pour assurer à de si grandes conquêtes la force, la vitalité et la durée. C’est ce qui me suggérait, il y a quelque temps, des pages qu’on a lues dans la Revue[1], et je me permettrai d’insister encore sur les idées que j’émettais.

La révolution italienne, ou du moins cette série d’événemens qui, en émancipant successivement les différents états de la péninsule, représente un fait

  1. Voyez le n° du 1er juillet dernier.