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récoltées à cet effet, est desséchée, réduite en cendres, afin de faciliter l’extraction des sels, de l’iode et du brome, utiles à l’industrie, à la médecine et aux arts photographiques, qu’enfin les résidus directement insolubles du lessivage de ces cendres fournissent de leur côté un engrais minéral calcaire puissant et très économique.

Si nous insistons sur cette admirable aptitude des plantes à s’approprier les élémens de leur nutrition dans les milieux différens où elles se propagent, c’est que l’agriculture y doit trouver le guide le plus certain dans le choix des engrais minéraux à répandre sur le sol pour en assurer la fertilité ou en accroître la puissance. Voici du reste ce que la science a rendu incontestable. Parmi soixante et un élémens diversement combinés entre eux et inégalement répartis dans l’air, les terrains et les eaux, les plantes cultivées ne s’assimilent, ne livrent en quantités notables à l’alimentation des animaux que quinze seulement de ces corps simples ou élémentaires[1] ; les autres élémens ne se trouvent dans les cendres des végétaux qu’accidentellement, en très faibles dosés, et sans relation aucune avec l’importance ou la valeur des récoltes. Les argiles même, si universellement répandues dans les meilleures terres arables, si utiles aux plantes par la silice et la potasse qu’elles contiennent, ne semblent jouer qu’un très faible rôle dans la nutrition végétale par le métal qui les caractérise, l’aluminium ou son oxyde, l’alumine, qui s’y voit constamment uni avec la silice à l’état d’une si grande ténuité. Quels sont donc parmi les quinze élémens indispensables à l’alimentation des végétaux, ou parmi les composés qui les offrent à leur état naturel, ceux dont l’agriculteur doit se préoccuper ? Quel rang chacun doit-il prendre parmi les entrais minéraux ? Naguère la science demeurait incertaine ; de nos jours, le doute n’est plus permis : tous ces élémens ou plutôt leurs composés se rencontrent soit dans les eaux naturelles, soit dans presque toutes les terres cultivées, en proportions suffisantes, pourvu que l’on fasse usage des fumures ordinaires, des irrigations fécondantes ou des débris d’animaux, qui constituent principalement les engrais organiques, azotés ou mixtes.

Les engrais minéraux, fréquemment employés avec de grands avantages sur les sols où leurs élémens font défaut, comprennent les marnes calcaires, le plâtre ou sulfate de chaux et les phosphates

  1. Ces quinze corps se rangent dans l’ordre suivant : oxygène, hydrogène, azote, carbone, chlore, soufre, phosphore, fluor, silicium, potassium, sodium, calcium, magnésium, fer et manganèse, et les combinaisons de ces corps généralement répandues dans la nature constituent l’eau, l’acide carbonique, les chlorures de potassium et de sodium, les carbonates, sulfates et phosphates de chaux, le carbonate de magnésie, le silicate d’alumine, le fluorure de calcium, les oxydes de fer et de manganèse.