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par la composition se rencontrent abondamment dans tous les organes jeunes des plantes doués de la plus grande énergie vitale ; elles se retrouvent dans tous les tissus, mais en proportions d’autant plus faibles que ces différentes parties sont plus anciennes et devenues graduellement moins puissantes dans leur vie végétative. Les substances minérales puisées dans le sol, et qui accompagnent la sève et les formations organiques, ne sont pas distribuées au hasard dans les plantes, mais au contraire sécrétées avec les membranes et les produits azotés, ou bien accumulées dans des organismes spéciaux préparés d’avance pour les recevoir. Dans ces conditions, une portion assimilable de la matière terreuse remplit donc le rôle d’aliment minéral, engraisse réellement le végétal, et n’agit pas seulement à titre d’amendement du sol, comme on l’avait autrefois supposé. Toutes ces substances, minérales ou organiques, fournies par le sol ou l’atmosphère, sont absorbées exclusivement à l’état liquide ou gazéiforme. Quant à certains élémens impropres à la nourriture des animaux, tels que les composés ammoniacaux et azotiques, ils sont au contraire appropriés à la nutrition des végétaux. Ceux-ci les puisent en cet état dans les engrais pour les transformer et les assimiler aux substances organiques dont la plupart servent d’alimens à l’homme ou aux animaux de nos fermes.


II. — COMPOSITION ET PROPRIETES DES DIVERS ENGRAIS. — LES EAUX NATURELLES. — LE CARBONATE ET LE SULFATE DE CHAUX.

On vient de rappeler les données générales sur lesquelles s’appuie le rôle des engrais dans la nutrition des plantes : il faut maintenant étudier la composition, les propriétés, la préparation et les applications de chacun d’eux. On peut d’ailleurs les ranger méthodiquement en trois classes, comprenant les substances minérales, végétales, animales, bien que les engrais de ces trois classes soient toujours combinés dans les exploitations agricoles.

Dans la première classe se trouvent comprises l’eau, sans laquelle aucun être ne saurait vivre, et les eaux naturelles (plus ou moins chargées de substances minérales et organiques) employées soit en irrigations dans la grande culture, soit en arrosages dans l’horticulture.

L’eau facilite les mouvemens ascensionnels et descendans de la sève, favorise les diverses fonctions des organes des plantes. Les tiges ligneuses des grands arbres, où la vitalité s’amoindrit avec l’âge, renferment cependant encore de 40 à 60 d’eau pour 100 de leur poids, tandis que dans les jeunes organes radicellaires ou foliacés la proportion d’eau s’élève à 80, 90 et même 96 centièmes du poids total. Un fait prouve cette nécessité d’une dose suffisante de ce liquide à