végétaux et les animaux, si tant est qu’à son tour ce caractère distinctif ne puisse lui-même s’effacer un jour. Cette analogie remarquable a été récemment mise en évidence par M. Pasteur ; elle repose sur un fait signalé déjà dans la Revue[1], et que nous devons rappeler pour en montrer la connexion intime avec la théorie des engrais.
Si, dans l’expérience précédente, on substitue à l’infusion d’orge la solution d’un phosphate et d’un sel ammoniacal, les phénomènes de la végétation et de la multiplication des bourgeons globuliformes s’accompliront encore, et, sous l’influence de ces simples engrais salins et inorganiques, on verra l’activité de la vie végétative produire des matières organiques azotées aux dépens de l’ammoniaque, la cellulose et ses congénères se former aux dépens du sucre, qui fournira en outre de la matière grasse en se décomposant, tandis que le phosphate sera assimilé dans ces actes complexes d’une végétation en miniature. C’est là un exemple complet et une élégante démonstration de l’action des engrais et de l’aptitude remarquable des végétaux à transformer les produits ultimes de la décomposition des matières animales et. végétales en substances azotées, grasses, sucrées ou féculentes, propres à entrer de nouveau dans le régime alimentaire de l’homme et de divers autres animaux. Ainsi se maintient, au milieu de ces alternances de décompositions spontanées et de recompositions organiques, le cercle immense dans lequel la matière circule sans jamais se perdre, ni par conséquent s’épuiser à la surface du globe.
Nous venons de dire qu’un seul caractère distinctif, au point de vue qui nous occupe, paraissait aujourd’hui subsister entre les végétaux et les animaux : il consiste essentiellement dans le mode de nutrition particulier aux êtres de chacun des deux règnes, et non dans l’existence d’une cavité digestive (estomac) qui n’appartient à aucun végétal, mais qui ne se trouve pas toujours dans les animaux les plus inférieurs. Les végétaux paraissent seuls jusqu’ici doués de la faculté de se nourrir avec des sels ammoniacaux, dissous ou gazeux, qu’ils absorbent, qu’ils assimilent et réduisent en substances organiques azotées. Quant à la faculté de se mouvoir, considérée autrefois comme appartenant exclusivement aux animaux, on l’a observée chez les spores (appelées aussi zoospores), organes reproducteurs d’un grand nombre de plantes de la famille des algues ; ils sont animés de mouvemens spontanés jusqu’à l’instant où ils se fixent, germent et se développent en un végétal dépourvu alors de toute mobilité propre.
En résumé, les substances qui se rapprochent.des matières animales
- ↑ Du 1er juin 1860.