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jeunes parties, douées de la plus grande vitalité, présentaient les mêmes relations entre leur léger tissu végétal et la matière azotée analogue à celle qui naguère paraissait être l’attribut exclusif des organes des animaux. J’arrivai aux mêmes conclusions après une étude faite au même point de vue sur tous les organes pris isolément et dans les diverses phases de leur croissance, et je me crus autorisé à signaler une immense unité de composition dans la matière vivante des deux règnes de la nature[1].

Si les végétaux, à leurs différens âges, s’éloignent de plus en plus de cette composition qui compte en fortes proportions au nombre de ses parties constituantes les substances azotées et minérales, c’est que les sécrétions diverses purement végétales ou non azotées s’y développent rapidement : d’une part, la cellulose vient constituer la trame organique de toutes les cellules, des vaisseaux, des membranes, ou les enveloppes de la matière vivante ; de l’autre, la matière ligneuse donne la rigidité aux tiges et aux rameaux. Enfin les substances sucrées, gommeuses, résinoïdes, huileuses, etc., s’accumulant sans cesse dans ces tissus, finissent par prédominer à tel point que, dans l’ensemble des végétaux, elles avaient autrefois été seules aperçues.

Pour donner une idée plus complète de la composition des organismes végétaux dépourvus des membranes épaissies de cellulose ou des incrustations ligneuses qui, graduellement développées dans un grand nombre de plantes, dissimulent la présence ou la nature des parties actives de la nutrition nous présenterons ici les résultats de l’analyse immédiate de végétaux rudimentaires, de champignons à texture molle, enfin des jeunes bourgeons qui constituent les extrémités blanchâtres alimentaires des choux-fleurs, qui croissent, on le sait, à l’abri de la lumière, sous les enveloppes multiples superposées que forment les larges feuilles de ces plantes maraîchères.


Levure de bière[2] Morilles Champignons de couche Choux-fleurs
Substances azotées et traces de soufre. 62,7 44 52 66
Substances grasses 2,1 5,6 4,4 4,5
Cellulose et substances congénères non azotées 29,4 36,8 38,4 18,3
Phosphates, sels, silice 5,8 13,6 5,2 11,2
100 100 100 100
  1. Telle fut la pensée dominante émise sous forme dubitative d’abord, puis explicitement formulée dans une série de mémoires sur les développemens des végétaux, successivement présentés à l’Académie des Sciences, et qui reçurent sa haute approbation ; telle fut aussi la conclusion définitive des recherches spécialement entreprises plus tard en collaboration avec M. de Mirbel. Nous sommes arrivés à reconnaître que la cellule végétale est sécrétée par la substance azotée interne.
  2. Aujourd’hui considérée généralement comme un des végétaux rudimentaires globuleux qui constituent plusieurs espèces de fermens.