Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 29.djvu/489

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre 1860.

Comment veut-on que les esprits ne soient point perplexes en face de la situation présente ? Tandis que les déclarations les plus autorisées ont une signification rassurante, les faits se déroulent dans un sens contraire. Tout le monde rendra à notre gouvernement et aux personnages qui ont le droit de parler en son nom cette justice que leurs récentes manifestations ont eu le caractère le plus pacifique. Le langage officiel fait plus qu’exprimer le désir de la paix, il annonce la foi dans la paix. Certes qui oserait se flatter en France d’être en mesure d’apprécier aussi justement que l’empereur ce que l’on pourrait appeler les accidens de la météorologie politique ? Qui est mieux informé, et qui pourrait aspirer à exercer sur les événemens un égal ascendant ? L’empereur pourtant, l’empereur lui-même, subissant la loi commune, est parfois exposé, tout comme nous, à bâtir ses espérances sur ses bonnes intentions et à être contrarié par des événemens imprévus. L’autre jour, à Marseille, il saluait en termes poétiques le retour d’une ère nouvelle de progrès pacifiques, — maintenant « que les circonstances sont plus favorables et que la tranquillité est le vœu de tout le monde. » Au moment où il entrevoyait ce rassérènement si vivement souhaité des choses, sans doute il considérait comme un fait accompli la marche triomphale de Garibaldi à travers le royaume de Naples, qui n’a d’analogue dans l’histoire que le prodigieux retour de l’île d’Elbe ; mais il ne s’attendait pas évidemment à l’audacieuse entreprise du Piémont sur les États-Romains. Dans la visite qu’ils lui ont rendue à Chambéry, M. Farini et le général Cialdini ne lui ont rien dit de ce projet. Peut-être les émissaires piémontais l’ignoraient-ils eux-mêmes, peut-être le gouvernement piémontais n’avait-il pas pris encore son parti. Quoi qu’il en soit, voilà une circonstance peu favorable, et voilà qu’il faut rayer le gouvernement sarde du nombre de ceux