caractère, d’où dépend l’impression que produisent sur nous les causes extérieures, et notre caractère est à son tour dans la dépendance de notre tempérament, de l’état plus ou moins sain de notre économie. Le tempérament et le jeu de nos fonctions sont réglés par des influences climatologiques et atmosphériques, soit que ces influences s’exercent directement, soit qu’elles se fassent sentir à la longue, par voie d’hérédité, sous la forme d’une constitution physique locale ou même de race. Or du moment que l’atmosphère est assujettie à des lois régulières et permanentes, bien que très variées dans leurs effets, notre naturel, nos actes, nos pensées mêmes, tombent sous la dépendance des phénomènes généraux de l’univers, dont à certains égards ils reflètent la régularité. S’il nous était permis de connaître l’action combinée et de mesurer tous les effets de ces phénomènes, nous pourrions dans de certaines limites déterminer le caractère et la quantité des actes qu’ils engendrent ; la météorologie deviendrait le point de départ de la statistique médicale, et celle-ci à son tour servirait de guide et fournirait les principaux points de repère pour la statistique morale.
Mais, dira-t-on, l’homme est un être libre qui ne se conduit point, comme les animaux, uniquement d’après ses instincts, et qui n’obéit pas forcément aux influences extérieures ; il a la faculté de réagir contre elles et de combattre ses penchans aussi bien que de diriger ses volontés. Sans doute, mais il faut d’abord reconnaître que, dans l’immense majorité de nos actes, nous ne faisons pas usage de notre liberté. Si l’homme tient de l’ange et de la bête, c’est assurément la bête qui prédomine, et si nous considérons avec impartialité notre conduite et nos actions, nous verrons qu’une foule de nos déterminations sont prises spontanément, c’est-à-dire sous l’influence immédiate des causes physiologiques et même physiques. C’est seulement dans un petit nombre de cas que nous délibérons avec nous-mêmes, que nous refoulons les excitations de la chair, les impulsions du naturel, et que nous combattons l’influence déprimante ou exaltante du sang, de la température et de l’électricité. Et même encore, lorsque nous agissons ainsi, nous le faisons en vertu de croyances et d’idées que nous devons à l’éducation, aux institutions sociales, dont la marche est elle-même assujettie aux influences auxquelles nous croyons alors échapper. Nous sommes sans doute libres de vouloir ce que nous voulons ; mais cette énergie de volonté, cette élévation d’esprit, cette délicatesse de moralité, nous en sommes redevables à la société qui nous a vus naître, au milieu dans lequel nous sommes placés, et cela est si vrai que chacun comprend qu’il faut modifier les institutions, répandre l’instruction, donner l’exemple des bonnes mœurs, diminuer les occasions de mal faire, pour élever le niveau de la moralité d’un peuple et le soustraire aux appétits