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Juifs de Syrie ne paraissent pas être plus unis entre eux que leurs coreligionnaires ne le sont dans le reste du monde. On affirme que non-seulement il existe parmi eux les sectes que nous connaissons en Europe, mais que de plus il serait possible de retrouver dans leurs divers groupes des témoins encore vivans de l’histoire de leur race avant l’ère chrétienne. On signale entre autres dans les environs de Naplouse une petite peuplade qui se donne pour originaire de l’antique Samarie, qui se vante d’être le dernier débris de l’ancien royaume d’Israël, et qui prétend posséder un exemplaire du Pentateuque écrit de la main de Moïse lui-même. En 1840, les Samaritains étaient encore au nombre de 153 individus.

Un caractère merveilleux de cette terre de Syrie qui a vu tant de miracles, qui est couverte de plus de ruines, et de ruines plus augustes, qu’aucun autre lieu du monde, c’est qu’elle ne peut rien conserver dans sa force et dans sa gloire, et qu’en même temps elle ne peut rien laisser périr définitivement. C’est ainsi qu’outre les musulmans, les chrétiens et les Juifs, elle contient encore dans son sein des idolâtres dont l’origine se perd dans la nuit des temps, ou n’a pas encore été expliquée. En première ligne parmi ces idolâtres, il faut compter les Druses, non-seulement parce qu’ils viennent d’attirer sur eux l’attention de l’Europe, mais aussi à cause de l’importance de leur population, qui les fait venir au cinquième et peut-être même au quatrième rang entre les diverses nations de la Syrie. Ils habitent au nombre de 80 ou 100,000 la partie méridionale du Liban, où ils se mêlent aux Maronites, et les revers de l’Anti-Liban. À la suite des guerres intestines qui désolent périodiquement la montagne, un certain nombre de familles druses, dont les descendans représentent aujourd’hui 3 ou 4,000 individus, sont allées vers le milieu du siècle dernier s’établir dans le Haouran, et il est malheureusement fort à craindre pour cette colonie qu’elle n’ait à rendre un compte bien lourd de la part qu’elle a prise aux massacres de Damas. Quoique les Druses aient eu d’innombrables querelles avec leurs voisins les Maronites, il est vrai cependant que le plus ordinairement ils vivent en paix avec eux, rapprochés qu’ils sont par le sentiment de la défense commune contre les maîtres du pays. En règle générale, les deux peuples, malgré la différence des religions, vivent à l’état de confédérés, et c’est si bien la règle générale qu’ils ont souvent