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LE MARQUIS DE VILLEMER



DERNIÈRE PARTIE.[1]



XXII.


Caroline avait raison de redouter les investigations de M. de Villemer auprès de sa sœur. Il était déjà retourné deux fois à Étampes, et, comprenant bien que la délicatesse lui interdisait tout ce qui aurait pu ressembler à un système d’interrogations, il se bornait à observer l’attitude et à commenter les réticences de Camille. Il pouvait dès lors se tenir pour assuré que Mme Heudebert connaissait la retraite de sa sœur, et que sa disparition ne lui causait point d’inquiétude réelle. Camille tenait en réserve la lettre où Caroline disait avoir trouvé un emploi hors de France, et elle ne la produisait pas. Elle voyait tant d’angoisse et de souffrance dans les traits déjà profondément altérés du marquis qu’elle n’osait porter ce dernier coup au bienfaiteur, au protecteur de ses enfans. Puis Mme Heudebert ne partageait pas tous les scrupules et ne comprenait pas toute la fierté de Caroline. Elle n’avait osé l’en blâmer, mais elle ne se fût pas fait un si grand crime d’affronter un peu le mécontentement de la marquise, et de devenir sa bru quand même. « Puisque les

  1. Voyez les livraisons du 15 juillet, du 1er et du 15 août, et du 1er septembre.