censeurs choisis pour leur bonne conduite dans les rangs de cette jeunesse, et qui exercent alors une sorte d’autorité sur les autres cadets. Le renvoi de l’école, les arrêts, la privation de congé, la réprimande écrite ou verbale, telle est l’échelle des punitions en rapport avec la nature des offenses. Ces châtimens ne sont d’ailleurs infligés qu’avec une certaine réserve, et on ménage toujours le sentiment de la dignité humaine. Par respect pour l’uniforme, le général Portlock, étant inspecteur des études, avait été jusqu’à proposer de faire juger les fautes des cadets par les cadets eux-mêmes, constitués en un tribunal ou jury d’honneur. Un trait du caractère anglais est la gravité qui s’attache à un démenti, même de la part d’un maître à un élève. Le sang britannique se révolte à l’idée qu’on le soupçonne de mensonge. Douter de la parole d’un cadet, ce serait faire injure au point d’honneur national et aux couleurs de la reine, dont le cadet est revêtu.
L’intérieur de la maison déploie un certain caractère grandiose d’architecture. On y remarque surtout un splendide réfectoire, assombri de riches vitraux peints. Des travaux de construction se poursuivent pour étendre encore les ailes du bâtiment. Durant les heures de récréation, les cadets se répandent sur la plaine et dans la ville, où tout les distingue, leur uniforme élégant et léger, leur jeunesse, et cet intérêt qui s’attache, dans tous les rangs de la société, à la fleur naissante de l’armée anglaise. Cette habitude de ne point caserner les élèves dans les murs de l’établissement durant les récréations est générale, et s’étend à toutes les écoles. Un Anglais m’en donnait ainsi la raison : « Il faut, disait-il, former de bonne heure chez l’homme le sentiment de la liberté, si l’on veut qu’il apprenne à se servir de ce privilège de notre nature sans en abuser. » Les exercices du corps ont beaucoup perdu à l’académie de Woolwich de l’antique splendeur qui les distinguait ; les cadets se livrent pourtant encore à la gymnastique, et défient de temps en temps les officiers de la garnison au jeu national du cricket. Des études plus sérieuses ont remplacé les anciens tours de force. Les cadets passent deux ans ou deux ans et demi dans l’académie. Tous les six mois ont lieu des examens qui constatent les progrès de chacun d’eux. Autrefois ces examens étaient tous confiés aux professeurs de l’académie ; mais à partir de 1859, le conseil d’éducation militaire envoya des examinateurs étrangers pour conduire, à la fin du semestre, les dernières épreuves de la classe la plus avancée. Ceux des cadets qui sortent vainqueurs de cet examen final reçoivent gratis leur commission dans l’armée. Jusque-là, les deux branches de ce que les Anglais nomment le corps scientifique se trouvaient confondues dans le même cercle d’études ; mais, à partir du dernier examen, la séparation commence : ceux qui s’y sont le plus distingués sont libres d’embrasser