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LES
CHASSEURS D’AFRIQUE

L’année 1830 a vu commencer dans notre armée un mouvement de transformation d’autant plus digne d’étude qu’on en connaît assez mal les origines et qu’on le voit se poursuivre encore. Malgré l’exemple donné avec tant d’autorité dans la Revue[1], beaucoup de chapitres de cette histoire militaire restent à écrire. Que de pages instructives à tirer pourtant de ces années d’enfantement, de ces épreuves fécondes au milieu desquelles se sont formés tant de corps nouveaux, espoir et orgueil de la France ! C’est sur un de ces corps que je voudrais aujourd’hui appeler l’attention, et ce n’est pas seulement le souvenir de quelques années de commandement qui m’invite à parler des chasseurs d’Afrique ; leur histoire m’attire par un autre côté : j’aime à y saluer les débuts d’une ère de renouvellement pour la cavalerie française. L’heureuse influence que la création des zouaves et des chasseurs à pied a exercée sur nos régimens de ligne, la création des chasseurs d’Afrique l’a exercée sur nos escadrons. En gardant toutes ses nobles qualités, toutes ses vertus guerrières, le cavalier français a gagné de nouvelles forces dans les leçons puisées à l’âpre école d’Afrique. Notre cavalerie a montré dès lors une variété d’aptitudes qu’on ne lui connaissait pas. À côté des deux grandes divisions désignées sous le nom de cavalerie légère et de grosse cavalerie, on a vu se placer un corps nouveau qui conciliait admirablement l’impétuosité de l’une avec la solidité de l’autre. Des qualités militaires que l’ancienne tactique ne

  1. Voyez les études sur les Zouaves et les Chasseurs à pied, 15 mars et 1er avril 1855.