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Hubert le met en présence d’un éléphant de cette catégorie, est exposé au plus grand péril. Il vaut mieux avoir devant soi tout un troupeau.

La chasse à l’éléphant est le sport favori des officiers en garnison à Ceylan. Me trouvant il y a plusieurs années à Colombo, j’eus le plaisir de dîner à la mess du régiment. — Je regrette, me dit l’un des convives, que ce gentleman qui est auprès de vous ne sache point parler français ; il vous raconterait ses belles chasses à l’éléphant. Il en a encore tué un ces jours derniers. — Je me retournai vers mon voisin, l’un des plus jeunes officiers du régiment, et je lui adressai, le moins incorrectement qu’il me fut possible, quelques mots de félicitations. Il sourit comme étonné de se voir complimenter pour si peu, et il ajouta négligemment qu’il comptait en tuer encore beaucoup d’autres. Ses camarades m’assurèrent qu’il avait déjà abattu plus de cent éléphans. Je n’en demandais pas tant pour admirer singulièrement l’adresse et le courage de mon voisin, et j’avoue que cette hécatombe d’éléphans tués, me disait-on, le matin, avant le déjeuner, me parut avoir des proportions trop orientales. Sans montrer mon incrédulité, je me promis in petto de ne pas raconter cette histoire s’il m’arrivait jamais d’écrire des souvenirs de voyages. Je me suis tenu parole, et, bien que j’en aie eu plusieurs fois l’occasion, c’est aujourd’hui seulement que je me risque à mettre en scène l’officier de Colombo ainsi que le massacre des éléphans. Je puis enfin placer mon récit. Voici en effet ce que nous dit sir J. Emerson Tennent : « Le major Rogers a tué plus de douze cents éléphans, le capitaine Gallway plus de six cents, le major Skinner à peu près autant ; puis viennent d’autres chasseurs qui marchent, sur leurs traces. » Les exploits qui avaient épouvanté ma conscience de voyageur sont bien pâles auprès de ceux-là. Si j’avais fait un plus long séjour à Colombo, j’y aurais appris que les éléphans de Ceylan tombent par centaines sous la carabine des chasseurs.

À l’exemple des officiers, les indigènes pratiquent aujourd’hui la chasse au fusil ; mais, lorsqu’ils veulent prendre l’éléphant vivant, ils continuent à employer l’ancien système. On passe une forte corde à l’un des pieds de derrière de l’animal, que l’on attire ensuite auprès d’un arbre où on l’attache solidement. La manœuvre de la corde exige beaucoup de hardiesse et de coup d’œil ; il faut passer le nœud coulant sous le pied de l’éléphant quand celui-ci se balance au repos, parfois même quand il est en marche. Dès que l’éléphant est rapproché de l’arbre, on lie de la même manière l’autre jambe de derrière ; l’animal a beau se débattre, il est pris, et ses vainqueurs se construisent à quelques pas de lui une petite hutte où ils attendent