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DE LA
LIBERTE INDIVIDUELLE

Traité de l’Instruction criminelle, par M. Faustin Hélie, 8 vol. 1860.

Depuis dix ans, la liberté politique a perdu en France la popularité qui semblait la protéger, et l’usage auquel le parti révolutionnaire l’a fait un moment servir a suffi pour lui retirer temporairement son prestige. On s’en étonnerait moins si l’on était convaincu que la liberté politique, plus que toute autre, a besoin de nombreux points d’appui, qui dans notre pays lui ont fait trop souvent défaut : elle ne peut s’affermir si, au lieu de trouver un sol préparé à l’avance, elle vient à germer sur une terre mouvante. Il lui faut un cortège de libertés usuelles qui l’entourent et la soutiennent ; sinon, elle ne fait que passer dans la législation d’un peuple, elle ne peut y acquérir droit de cité. Il n’est donc pas inutile de rechercher à quelles conditions elle peut se développer, afin de n’être point exposée à rencontrer toujours les mêmes écueils. Pour en faire l’apprentissage, il n’est pas de meilleure école que la pratique journalière des moyens de défense qui mettent à l’abri du pouvoir arbitraire les droits privés de chaque citoyen, et la bonne administration de la justice est sans contredit l’auxiliaire le plus efficace dont on doive invoquer le secours. Que laisse-t-elle à désirer dans notre pays ? Comment peut-elle être améliorée ? Ce ne sont pas là des questions dont on n’ait à se préoccuper que dans l’enceinte des tribunaux : elles ont une plus grande portée, et elles méritent de tenir l’opinion publique en éveil ; elles ont trouvé place dans un remarquable ouvrage qui