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de l’écliptique a été appelé précession des équinoxes. L’altération du parallélisme des plans de rotation de la terre est due à la force qui tend sans cesse à ramener vers l’écliptique le plan de l’équateur. M. Adhémar explique comment cette force est produite par l’inégale attraction que le soleil exerce sur la partie renflée de la sphère terrestre. La double influence à laquelle se trouve alors soumis l’axe de notre planète l’oblige à s’incliner et à décrire une surface conique autour de la perpendiculaire au plan de l’écliptique ; de ce mouvement naît le déplacement des équinoxes.

L’astronomie a établi que l’angle qui représente cette rétrogradation annuelle n’est que d’un peu plus de 50 secondes, et qu’ainsi le nombre nécessaire pour une révolution totale, abstraction faite de toute autre influence, est de près de vingt-cinq mille neuf cents ans ; mais il faut tenir compte du changement de position du grand axe de l’orbite terrestre. Ce grand axe, appelé aussi ligne des apsides, se meut lentement à son tour, ce qui donne au périgée, point où le soleil est le plus voisin de la terre, un déplacement évalué à un peu plus de 11 secondes par année. De ce déplacement, combiné avec la précession des équinoxes, résultent des variations dans la durée respective des saisons. Par conséquent, dans la succession des siècles qui nous ont précédés, la disposition de l’orbite terrestre a été sensiblement différente de ce qu’elle est actuellement. Ainsi, en l’an 1250 de notre ère, le grand axe coïncidait avec la ligne qui joint les solstices, et le périgée avait la même longitude que le solstice d’hiver. En se reportant plus loin encore, et admettant toujours la même vitesse du périgée solaire par rapport à l’équinoxe de printemps, on trouve que le périgée coïncidait avec l’équinoxe d’automne vers l’an 4000 avant Jésus-Christ. À cette époque, les durées réunies du printemps et de l’été formaient une somme égale à celle des durées de l’automne et de l’hiver.

M. Adhémar, par un calcul fort simple, arrive à assigner vingt et un mille ans au laps nécessaire pour que les saisons se retrouvent dans le même rapport avec l’orbite terrestre. Il faut donc la moitié de cet intervalle pour que les saisons soient dans un rapport inverse avec le même orbite, c’est-à-dire que si le périgée a lieu par exemple au solstice d’hiver, il s’écoulera dix mille cinq cents ans avant qu’il ait lieu au solstice d’été ; de même, s’il a lieu à l’équinoxe d’automne, dix mille cinq cents ans devront se passer avant qu’il ait lieu à l’équinoxe de printemps. Or tout le monde sait que les saisons sont marquées par les temps qui s’écoulent d’un équinoxe à un solstice ou d’un solstice à un équinoxe. De plus, durant deux saisons, celles qui précèdent et suivent immédiatement le périgée, il s’écoule moins de jours que pendant les deux autres, à raison de