Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’a pas tenu au roi Oscar qu’une alliance offensive ne liât désormais la Suède aux puissances occidentales au lieu du traité tout défensif qui fut signé le 21 novembre 1855, et l’on ne doit pas comparer la position de la Suède dans ces graves circonstances à celle de la Sardaigne, qui n’avait rien à perdre et qui jouait presqu’à coup sûr. Il n’a pas tenu au roi Oscar que la Suède ne méritât ou n’obtînt, lors du traité de Paris, des garanties plus solides pour l’avenir. Un écrivain suédois, M. Lallerstedt, aujourd’hui député libéral et actif dans l’ordre des bourgeois, publia à Paris même, un peu avant l’ouverture du congrès de 1856, un intelligent volume intitulé : La Scandinavie, ses craintes et ses espérances. La première partie de son titre faisait allusion à des soupçons immérités, nous l’avons vu, contre la politique du cabinet suédois. Elle se fût mieux appliquée à l’anxiété des Suédois et du roi Oscar lui-même quand ils apprirent la prochaine conclusion de la paix quelques mois seulement après la démonstration du 21 novembre 1855. Après des espérances hardies, la Suède concevait des craintes peut-être exagérées. Elle demanda contre le redoutable voisin à l’égard duquel elle s’était compromise des garanties pour l’avenir : la possession des Aland, l’engagement imposé à la Russie de n’élever sur les côtes des golfes de Finlande et de Bothnie aucune nouvelle forteresse outre celles qu’elle y possédait actuellement : Reval, Sveaborg et Cronstadt. On sait que le traité de Paris stipula seulement que la Russie ne referait dans les Aland aucun établissement militaire. Le meilleur résultat pour les royaumes unis fut encore l’engagement pris en 1855 par l’Angleterre et la France « de fournir au roi de Suède et de Norvège des forces navales et militaires suffisantes pour résister désormais aux prétentions ou aux agressions de la Russie. » Ainsi donnée solennellement, en présence de toute l’Europe et sans aucune limite de temps, une telle garantie est pour la Suède et la Norvège une sûreté précieuse dont leur politique, si elle est habile, pourra tirer profit au milieu des complications même les plus fâcheuses de l’Occident. Tout au moins cet épisode, le plus grave de tout le règne d’Oscar, aura-t-il servi à dissiper les nuages qui planaient entre le fils de Bernadotte et ses peuples. L’alliance de la nation et du gouvernement s’est resserrée ; elle est plus que jamais intime aujourd’hui. Si la Norvège paraît ne pas apporter dans ses relations avec le peuple-frère, comme on dit dans le Nord, toute la modération désirable, elle est étroitement attachée à la dynastie, que volontiers elle dit sienne et dont elle se montre presque jalouse ; l’hommage dû à la conduite que le roi Oscar a tenue pendant les circonstances critiques de 1854 et de 1855 n’a pu que fortifier cette union. de sont là de bonnes conditions pour permettre désormais au gouvernement des royaumes unis une attitude, non pas téméraire, mais indépendante et digne envers