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lait jouer les libertés qu’elle paraissait chérir dans les surprises d’une révolution qui fut elle-même une surprise. e. forcade.



ESSAIS ET NOTICES.

DE L’ORGANISATION DU NOUVEAU ROYAUME.

L’Italie, depuis que sa situation a été si complètement transformée, se trouve, en présence d’une multitude de questions d’où dépend son avenir, et que nous sommes inexorablement obligés d’étudier, de préciser, autant qu’il est possible dans le tourbillon où nous vivons. Poser ces questions, qui préoccupent d’ailleurs beaucoup d’esprits, c’est le devoir de tous ceux qui aiment leur pays, qui croient à la puissance de l’opinion, et à la nécessité de ne point laisser dénaturer les conditions essentielles de notre régénération. Pour moi, je n’ai d’autre pensée et d’autre ambition que d’aider au travail commun et de contribuer à éclairer cette opinion publique à laquelle les gouvernemens sont tenus désormais de se conformer. Bien des gens nous diront et nous disent que l’Italie ne peut aujourd’hui songer qu’à l’action, qu’avant de fonder des institutions et de faire des lois, il y a la nation à former et à mettre, sur pied. Je ne nie pas qu’il n’y ait beaucoup de vrai dans cette manière de voir, et que, malgré ce que la prudence conseillerait peut-être après un chemin si rapidement et si heureusement parcouru, il ne soit désormais très difficile de s’arrêter. Les moyens défensifs et les finances deviennent donc naturellement dans ces conditions l’objet principal vers lequel se porte l’activité publique. Il n’est pas moins vrai qu’il y aurait une souveraine imprudence à ne point s’occuper dès ce moment de l’organisation civile qui peut seule nous assurer les bienfaits de la liberté et de l’indépendance. Le meilleur moyen d’intéresser tous les citoyens à défendre l’indépendance et la liberté, c’est de les faire concourir, chacun dans la sphère de son influence, au système politique qui régit le pays, et de leur montrer que l’état, au lieu de dépendre d’une seule tête, s’appuie sur la volonté libre et éclairée de la nation entière.

Jusqu’ici, sous l’empire de la préoccupation exclusive de notre indépendance la défendre ou à conquérir, l’idée qui nous a dominés et qui nous do-