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dans d’autres dont la forme varie, on fait agir des ailes intérieures fixées sur un axe mobile. La meilleure baratte paraît être celle dite polyédrique, qui consiste en une sorte de boîte à pans coupés, suspendue sur un tréteau, dans laquelle on verse le lait ou la crème, et à laquelle on imprime ensuite un mouvement de rotation. Les pans coupés de cette baratte et une aile fixe qui la traverse déterminent dans le liquide des chocs assez violens pour amener bientôt la formation ou plutôt la séparation du beurre, sans que la main de l’homme ait eu à déployer autant de force qu’avec les autres systèmes.

Telles sont donc en 1860, à peu d’omissions près, les machines qui doivent meubler toutes nos grandes et moyennes fermes soumises à une direction intelligente : non pas que chaque ferme doive posséder un exemplaire de tous les systèmes d’instrumens dont nous venons de parler ; mais on peut dire qu’une culture économique et sérieuse n’est plus possible aujourd’hui sans l’emploi d’un ou plusieurs instrumens de ces diverses séries. C’est aux hommes personnellement intéressés dans la question qu’il appartient de comparer et de choisir. L’exposition qui vient de se clore leur a fourni de nombreux sujets d’étude. À un autre point de vue, elle aura offert à tous ceux qui aiment d’agriculture un intéressant spectacle. Ce n’est pas sans joie que nous avons remarqué l’empressement du public attiré en foule par l’exposition de 1860. Un tel empressement prouve que les vrais besoins de nos campagnes sont généralement sentis. Les admirables progrès réalisés par nos constructeurs ont dignement répondu à cette curiosité sympathique. Non-seulement la machinerie agricole concourt à la marche de la civilisation par les admirables facilités qu’elle apporte à la culture des matières premières, mais à cette fonction économique elle joint un rôle tout moral par la salutaire influence qu’elle doit exercer sur la condition des populations rurales, en réglant leurs salaires d’une façon légitime et en apportant aux maux de l’émigration dans les villes un remède vraiment efficace, puisqu’il est fondé sur le seul exercice de la liberté. Avec de pareils élémens, on ne doit pas désespérer de l’avenir. Les progrès de la liberté commerciale, ainsi que l’amélioration de nos mœurs et de nos.goûts publics, feront bientôt le reste, quand l’esprit de la France reviendra par besoin vers l’activité de ses affaires intérieures et développement des richesses de son territoire.


L. VILLERMÉ.