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sortes. Les uns agissent en marchant sur le sol lui-même, comme fait le cheval qui laboure ; les autres s’installent sur le bord des pièces, et, à l’aide de cabestans, de poulies d’ancres, de chaînes de tirage, font, suivre aux divers engins les directions multiples, qui doivent être suivies ; les derniers s’établissent sur des rails fixes ou mobiles, et supportent entre eux (car ils procèdent par paires) une plate-forme, un pont suspendu sous lequel s’attachent et travaillent les instrumens, sur lequel se tiennent les ouvriers et se chargent les engrais ou les récoltes.

Si l’un des trois systèmes devient jamais pratique, ce sera sans doute le premier seulement, et il ne le deviendra qu’avec des machines bien supérieures, sous le rapport du prix, de la construction et de l’usage, à nos locomobiles. Et il faudra que ces machines nouvelles puissent sans : inconvénient circuler dans les champs et sur les chemins ordinaires, monter ou descendre les pentes, marcher dans les fossés et les ornières. En un mot, il faudra bien des perfectionnemens qui n’existent pas aujourd’hui, que l’emploi des gaz et de l’électricité, accomplira peut-être plus tard, mais que, sans vouloir décourager personne, on pourra attendre longtemps encore. Le moteur animé pour les travaux qui ne s’exécutent qu’en changeant continuellement de place, — le même moteur animé et quelquefois en outre un moteur inanimé pour les travaux intérieurs, — telle est en 1860, telle sera bien longtemps, si ce n’est toujours, la condition faite aux agriculteurs. Un certain nombre d’exemples fera maintenant comprendre les progrès réalisés dans : le domaine des ; machines ; quel qu’en soit le moteur.

Parmi les instrumens employés par les cultivateurs, la charrue tient et tiendra toujours la première place. À la rigueur, une charrue et une herse, avec quelques outils à main et un petit tombereau, peuvent suffire pour l’exploitation de plusieurs hectares. Ce pauvre matériel suppose une agriculture également pauvre, et pourtant c’est ainsi que marchent beaucoup de fermes en France. De toutes les machines agricoles, la charrue est peut-être celle qui compte le plus de modèles différens. Cette diversité tient à ce que le degré de cohésion des terres, la nature des élémens qui les composent ; la profondeur du labour, la disposition du sol et les habitudes locales exigent de sensibles modifications dans la structure de l’instrument. Il n’existe pas de charrue parfaite pour toutes les conditions ; aussi chaque pays, chaque fabricant, parfois chaque cultivateur adopte-t-il la sienne. Le nombre et la variété de celles qui figuraient à l’exposition de 1860 ont dû être remarqués par tout le monde.

Le but primitif de la charrue est de séparer mécaniquement la terre à une profondeur, plus ou moins grande, en prismes, ou tranches parallèles, et d’ameublir ainsi le sol cultivable. Si elle reçoit