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II.

Les instrumens qui, en agriculture et dans tout autre travail, utilisent au profit de l’homme certaines forces naturelles peuvent être classés en deux grandes catégories : les outils et les machines.

Les outils sont des instrumens simples, comme la bêche, la fourche, la faux, assez fréquemment employés pour que tout le monde les connaisse et les apprécie.

Les machines sont des instrumens compliqués : tels sont les batteuses, les faucheuses, les tarares, la charrue elle-même. Ce sont les seuls qui méritent notre attention. Nous ne dirons cependant rien des machines diverses qui servent à transformer les récoltes obtenues dans les champs en produits commerciaux autres que ceux qui nécessairement doivent être préparés par le cultivateur lui-même[1]. Il ne peut être en effet question dans cette étude que des engins qu’emploie dans son industrie le cultivateur proprement dit. Quels que soient ces engins, il faut les mettre en action, en mouvement. Quel moteur convient-il d’appliquer pour atteindre ce but ? Telle est la première question que l’on doit se poser.

Il est bien facile de comprendre que, la puissance musculaire de l’homme étant très limitée, l’homme ne doit être utilisé comme force motrice que sur des instrumens dont l’action est obtenue sans grande fatigue. C’est ainsi que pour séparer les blés à semer des graines de qualité inférieure ou des graines étrangères, pour faire le beurre, etc., il y a souvent avantage, même dans des fermes moyennes, à opérer avec les bras de l’homme ; mais, dès que les travaux prennent en durée ou en intensité un développement considérable, il est ordinairement plus économique de procéder avec l’aide d’un autre moteur.

Les forces vivantes dont le cultivateur dispose sont les animaux (chevaux, jumens, mulets, ânes, bœufs et même vaches) dont il préfère l’entretien, et qu’il possède dans son écurie ou dans son étable ; les forces non vivantes auxquelles on peut avoir recours sont le vent, l’eau ou la vapeur, en attendant que les gaz et l’électricité viennent augmenter le nombre des esclaves inanimés que l’homme a su s’assujettir.

Les agens inanimés, à cause de la complication, du poids et du volume des organes destinés, dans l’état actuel des choses, à accumuler la force et à transmettre le mouvement, sont en général réservés pour les travaux d’intérieur. Outre le prix d’achat, souvent

  1. Nous croyons en effet que le cultivateur doit autant que possible rester cultivateur, et ne devenir industriel dans le sens vulgairement admis de ce mot que fort exceptionnellement.