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UNE
NOUVELLE THÉORIE DE L’ART
EN ANGLETERRE

M. JOHN RUSKIN.

I. The Seven Lamps of Architecture (les Sept Flambeaux de l’Architecture), 1 vol. in-4o. — II. The Stones of Venise (les Pierres de Venise), 3 vol. in-4o. — III. Lectures on Painting and Architecture (Discours sur la Peinture et l’Architecture, prononcés à Édimbourg), 1 vol. petit in-8o. — IV. The Two Paths (les Deux Voies).

Vers la fin du dernier siècle, l’Europe, par suite d’une méprise de longue date, se trouvait placée dans la position la plus étrange et la plus anomale vis à vis des beaux-arts. L’habitude de ne se servir de la palette que pour exécuter de parti-pris ce qu’on avait conçu à l’avance comme le résultat le meilleur à se proposer, la tendance à croire qu’il s’agissait avant tout de produire des compositions raisonnables et raisonnées, l’idée qui pour éviter les défauts qui pourraient choquer le froid jugement du spectateur, il était prudent de consulter soi-même froidement ses connaissances, de chercher dans son jugement les conditions d’un bon tableau, de s’astreindre ensuite à remplir ces seules conditions, — la foi en la raison en un mot (car c’est elle que j’ai cherché à décrire) avait complètement régné depuis le XVIe siècle. Les beaux-arts, y compris la poésie, étaient devenus, non plus une expression des goûts, des sentimens, des impressions plastiques que les artistes avaient véri-