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ou lorsque les grains du raisin se sont formés, la moyenne de la température de l’air ne s’abaisse pas au-dessous de 19 degrés. C’est la condition ordinaire dans les vignobles de Bordeaux, tandis qu’aux environs de Paris la température moyenne de l’été, de l’automne et du mois le plus chaud, ne dépasse guère 16 degrés[1]. Si autour de Paris on ne peut obtenir que des petits vins, tels que ceux de Suresnes, d’Issy et d’Argenteuil, on y peut au contraire récolter sur les espaliers au midi, ou même dirigés un peu plus soit vers l’est, soit vers l’ouest, d’excellens raisins de table, notamment des chasselas. C’est que les vignes en espalier reçoivent la chaleur des rayons solaires que reflètent les murs, et de plus, durant la nuit, la chaleur qui s’est accumulée dans la muraille pendant le jour.

Les opérations relatives à la culture des vignes en espalier reposent sur les mêmes principes que celles qui sont relatives à la vigne cultivée en plein air ; certains détails importans diffèrent. Indiquons ici les principes qui doivent guider le cultivateur.

Les labours et les binages sont à deux ou trois reprises très utiles aux vignes en espalier et contre-espalier, soit pour enlever les herbes et plantes étrangères dont les racines puiseraient leur nourriture au préjudice de la vigne, soit afin d’aérer le sol et de faciliter la pénétration de l’air indispensable à la respiration des racines et radicelles de toutes les plantes. On a émis relativement aux engrais applicables à la vigne des opinions contraires ; on a été jusqu’à dire que la terre, pour cette culture, ne doit pas être fumée. Cela peut être vrai, mais seulement à l’égard des sols où les élémens de la nutrition végétale sont accumulés depuis des siècles en proportions excédant les besoins annuels pour une longue période de temps. C’est là toutefois une exception, et l’on peut dire que toute plante cultivée, sous peine d’épuiser le sol ou d’en amoindrir la fertilité, doit recevoir sous forme d’engrais tout ce que l’atmosphère ne peut lui fournir pour remplacer ce que la végétation, la taille des sarmens et la récolte des fruits chaque année enlèvent à la terre. Les feuilles tombées et qui pourrissent spontanément sur le sol restituent, il est vrai, en partie ces élémens de la nutrition végétale ; mais très généralement on doit répandre et enfouir par le labour d’automne


  1. Automne Eté Mois le plus chaud
    Bordeaux 14°4 21°7 22°9
    Francfort-sur-le-Mein 10° 18°3 18°8
    Paris 11°2 18°1 18°9
    Cherbourg 12°5 16°5 17°3
    Londres 10°7 17°1 17°8


    On sait que dans ces deux dernières localités, à Londre9 et à Cherbourg, on ne peut cultiver la vigne en pleine terre.