septentrional de l’île du Roi-Guillaume (environ sur le 70e parallèle nord et sur le 100e de longitude ouest de Paris), puis que quelques mois plus tard, avant la rupture des glaces, les corps de ces hommes avaient été retrouvés à une faible distance au nord-ouest de l’embouchure de Back’s ou Great-Fish river (la rivière Back ou du Grand-Poisson), au midi de l’île du Roi-Guillaume, qu’ils avaient ainsi contournée du nord au sud. Ces malheureux avaient dû périr de froid et de faim ; leur identité avec les équipages d’Erebus et Terror fut constatée à l’aide de divers objets recueillis sur les lieux par les Esquimaux et rapportés en Angleterre par le docteur Rae : c’étaient des pièces d’argenterie aux initiales de Franklin et du capitaine Crozier, son second, et la décoration de l’ordre des Guelfes, que portait le commandant, avec cette noble devise de circonstance : Nec aspera terrent[1].
On ne pouvait plus douter du sort de Franklin et d’une partie de ses compagnons ; l’amirauté invita la compagnie de la baie d’Hudson à faire explorer les parages signalés par le docteur Rae, pour rendre les derniers devoirs aux marins dont on avait vu les cadavres, prendre des informations sur le sort des autres, retirer les journaux et papiers qui pouvaient être dans les mains des Esquimaux. À la fin de 1855, James Anderson et Green Stewart explorèrent Fish River, visitèrent les îlots de son embouchure, et recueillirent des Esquimaux la confirmation des récits du docteur Rae ; mais ils ne purent retrouver les débris mêmes de l’expédition. Lady Franklin, jugeant que l’amirauté ne mettait point assez d’empressement à compléter les renseignemens obtenus, arma à ses frais, comme elle l’avait déjà fait plusieurs fois, un bâtiment, le Foxy petit steamer de 177 tonneaux, et elle en donna le commandement au capitaine Mac-Clintock, connu par les services qu’il avait rendus dans les précédentes expéditions de sir James Ross[2], de l’amiral Austin et du capitaine Kellett.
Cet officier a pleinement rempli la mission qui lui était confiée. Grâce à lui, nous connaissons aujourd’hui toutes les étapes de ce long voyage des navires Erebus et Terror, semé de tombes et terminé par un sombre désastre ; sa relation complète ce que nous savions déjà de la physionomie des régions polaires, et il est probable que son voyage clôt pour un assez long temps la série d’expéditions et d’aventures dont Franklin a été le héros dans les mers arctiques. Suivons-le donc ; il nous emportera loin du milieu de l’activité contemporaine,